Que proposent les groupes en vedette lors de cet événement en termes de solutions systémiques/structurelles pour lutter contre l’insécurité alimentaire?

L’organisme Centres communautaires d’alimentation du Canada (CACC) préconise une approche à multiples facettes pour lutter contre l’insécurité alimentaire par le biais de solutions à la fois communautaires, systémiques et structurelles. CACC développe des centres alimentaires communautaires (CAC) inclusifs et culturellement adaptés, qui servent de points de rassemblement où les gens peuvent cultiver, cuisiner, partager et défendre leurs intérêts. Ces centres fournissent des aliments frais, nourrissants et culturellement appropriés tout en offrant des programmes de compétences alimentaires qui permettent aux individus d’acquérir les connaissances et la confiance nécessaires pour faire des choix plus sains. Ces programmes, tels que les cours de cuisine interactifs et les ateliers de jardinage, aident les gens à améliorer leur santé et à tisser des liens sociaux, créant ainsi une base communautaire solide.

À un niveau systémique, CACC plaide en faveur de changements politiques significatifs. En donnant la priorité à l’implication des personnes ayant vécu l’insécurité alimentaire et la pauvreté, CACC s’assure que les solutions sont fondées sur des expériences réelles et concrètes et qu’elles répondent efficacement aux besoins les plus urgents. L’organisme soutient des solutions basées sur le revenu en appelant à une aide au revenu ciblée, ce qui implique de repenser les seuils de prestations afin que l’aide financière parvienne à ceux et celles qui en ont le plus besoin. De plus, CACC fait pression pour le gouvernement fédéral fixe des objectifs en matière d’insécurité alimentaire, à l’instar des objectifs de réduction de la pauvreté, afin de garantir que les progrès puissent être mesurés et réalisés. En intégrant les idées venant des communautés dans l’élaboration de politiques et en fixant des objectifs clairs et mesurables, CACC vise à s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité alimentaire et à garantir des solutions équitables à long terme.

Exemples de solutions structurelles/systémiques : 

  1. Centres alimentaires communautaires (CAC) : Intègrent l’aide alimentaire au développement de compétences et à l’engagement communautaire. Ils répondent aux besoins immédiats et renforcent la résilience à long terme en responsabilisant les individus, en favorisant les liens sociaux et en améliorant l’autosuffisance. Cette approche permet d’améliorer structurellement la santé et la cohésion des communautés.
  2. Cibles fédérales en matière d’insécurité alimentaire : Fixer des objectifs spécifiques et mesurables pour réduire l’insécurité alimentaire afin de suivre les progrès et d’orienter les efforts politiques.
  3. Des aides au revenu ciblées : Révision des seuils de prestations afin de s’assurer que l’aide financière est bien orientée vers les personnes qui en ont le plus besoin, s’attaquant ainsi à la cause première de l’insécurité alimentaire – l’insuffisance des revenus.

Ces solutions systémiques visent à intégrer un soutien immédiat à des réformes politiques plus larges et basées sur les revenus, créant ainsi une approche globale de la lutte contre l’insécurité alimentaire.

Food First NL revendique des solutions systémiques et structurelles pour lutter contre l’insécurité alimentaire, en mettant l’accent à la fois sur les réformes basées sur le revenu et sur la révision des modèles traditionnels d’aide alimentaire. Leur approche comprend la mise en œuvre de programmes de revenu de base, une stratégie qui a suscité une attention particulière grâce aux récentes recommandations d’un comité multipartite et de l’Accord sur la santé (Health Accord). Le groupe souligne la nécessité de maintenir la pression sur les gouvernements provinciaux pour qu’ils mettent pleinement en œuvre ces programmes. Food First NL explore également la possibilité de réimaginer le modèle de la charité alimentaire, suggérant que les banques alimentaires, qui détiennent une influence considérable, pourraient être mises à contribution pour conduire des changements systémiques plus larges. Cela comprend le développement de programmes et d’infrastructures bien équilibrés pour soutenir l’accès à des aliments abordables, locaux et culturellement appropriés.

Au niveau systémique, Food First NL appelle à un changement fondamental dans la manière d’aborder l’insécurité alimentaire. Le groupe revendique de s’attaquer aux causes profondes en soutenant des actions telles que l’augmentation du salaire minimum, le renforcement des aides au revenu et la mise en œuvre d’un revenu de base viable garanti. En soulignant les limites de l’aide alimentaire caritative et l’importance des solutions basées sur les revenus, ils cherchent à créer des changements durables. Leur stratégie comprend l’engagement actif des communautés, l’intégration des idées du groupe conseil de personnes avec expérience vécue de l’insécurité alimentaire (Lived and Living Experience Advisory Group; LLEAG) et le fait de s’assurer que les décideurs et décideuses politiques soient tenu.e.s responsables de la prise en charge globale de l’insécurité alimentaire.

Exemples de solutions structurelles/systémiques : 

  1. Programmes de revenu de base : La mise en œuvre d’un revenu de base général visant à fournir un soutien financier inconditionnel s’attaque directement aux causes profondes de l’insécurité alimentaire, notamment l’insuffisance des revenus, les inégalités sociales et le racisme systémique. En garantissant une base financière fiable, le revenu de base peut contribuer à atténuer ces enjeux interdépendants et aider les individus à atteindre une plus grande stabilité économique et un plus grand bien-être.
  2. Réimaginer le modèle de la charité alimentaire : Transformer les banques alimentaires de façon à ce qu’elles passent de services d’aide d’urgence en catalyseurs de changements systémiques, en influençant potentiellement les changements de politique et de financement.
  3. Plaidoyer pour des réformes fondées sur les revenus : Soutenir l’augmentation du salaire minimum, renforcer les aides au revenu et mettre en œuvre des mesures visant à garantir l’indexation des prestations sur l’inflation, afin de fournir un filet de sécurité solide qui réponde à la fois aux besoins immédiats et à long terme.

Les solutions systémiques et structurelles de Food First NL comprennent la stabilité financière par le biais d’un revenu de base, de réformes plus larges et d’approches novatrices de l’aide alimentaire, garantissant une stratégie globale de réduction de l’insécurité alimentaire.

La Commission scolaire de Maskwacîs (CSM) adopte une approche holistique pour aborder l’insécurité alimentaire à travers Nanâtohk Mîciwin leur Stratégie d’alimentation scolaire universelle, ancré dans la culture et les valeurs cries. Cette initiative va au-delà de l’approvisionnement en repas; elle intègre l’alimentation dans le cadre plus large de l’éducation et de la communauté. En développant un système central de collecte et de distribution d’aliments traditionnels, la CSM, par l’intermédiaire de sa stratégie d’alimentation scolaire universelle, veille à ce que des aliments locaux et culturellement appropriés soient accessibles dans les écoles. Le programme met l’accent sur la durabilité et l’efficacité, en travaillant en étroite collaboration avec les vendeurs locaux et les communautés pour soutenir un système alimentaire local. Grâce à ces efforts, la CSM, à travers sa stratégie d’alimentation universelle, a créé un modèle qui non seulement répond aux besoins alimentaires immédiats, mais renforce également les liens communautaires, les connexions culturelles et les pratiques alimentaires durables.

Exemples de solutions structurelles/systémiques : 

  1. Entreposage central et systèmes alimentaires locaux : Mise en place d’un système de distribution d’aliments traditionnels et locaux dans les écoles, qui soutient la souveraineté alimentaire communautaire et la durabilité.
  2. Combinaison d’alimentation et de culture : Utiliser les programmes alimentaires scolaires pour enseigner les pratiques alimentaires traditionnelles et relier les élèves à leur patrimoine culturel, renforçant ainsi les valeurs de la communauté et promouvant la continuité culturelle.
  3. Programmes alimentaires durables et flexibles : Concevoir des programmes alimentaires durables, notamment en utilisant efficacement les ressources, en faisant preuve de souplesse dans l’élaboration des menus et en établissant des partenariats locaux solides pour soutenir un système alimentaire résilient.

Les solutions systémiques et structurelles proposées par Nanâtohk Mîciwin mettent l’emphase sur l’intégration de l’alimentation dans le cadre éducatif et culturel de la communauté, créant une approche globale qui répond à la fois aux besoins alimentaires immédiats et aux objectifs culturels et environnementaux à long terme.

Le Regroupement des cuisines collectives du Québec (RCCQ) soutient et relie plus de 1200 cuisines collectives à travers le Québec, et défend les principes de l’autonomie et de la dignité alimentaire à travers l’éducation populaire et le partage communautaire d’aliments et de ressources alimentaires durables, accessibles et nutritives. Le RCCQ revendique une transformation dans la manière d’aborder l’insécurité alimentaire par le biais de sa proposition de loi-cadre sur le droit à l’alimentation. Ce projet de loi vise à faire de l’alimentation un droit humain fondamental, ce qui représenterait un changement significatif dans la manière dont l’insécurité alimentaire est abordée à un niveau systémique et structurel. En recadrant l’alimentation comme un droit, la législation exigerait du gouvernement, de la société civile et des organisations du secteur privé qu’ils respectent les réglementations et développent des structures (programmes, politiques, etc.) qui garantiraient l’accès de tous et de toutes à une alimentation culturellement appropriée, nutritive et durable. Cela impliquerait de s’assurer que les aliments soient disponibles et accessibles tout en encourageant les pratiques qui protègent l’environnement et soutiennent la sécurité alimentaire à long terme.

Le projet de loi incorpore les quatre dimensions de l’ONU sur le droit à l’alimentation :

  1. Disponibilité : Garantir une production et un approvisionnement alimentaires suffisants.
  2. Accessibilité : Garantir que la nourriture est économiquement et physiquement accessible à tous.
  3. Adéquation : Fournir des aliments qui répondent aux besoins individuels, incluant les besoins nutritionnels et les préférences culturelles.
  4. Durabilité : Promouvoir des pratiques écologiquement durables dans la production et la distribution des denrées alimentaires afin de garantir la sécurité alimentaire à long terme.

En prenant en compte ces dimensions, le projet de loi-cadre du RCCQ répond non seulement aux besoins alimentaires immédiats, mais améliore également la qualité et la durabilité des systèmes alimentaires, en reconnaissant l’importance de la responsabilité environnementale et de la signification culturelle dans la réalisation de la sécurité alimentaire.

Exemples de solutions structurelles/systémiques : 

  1. Modèles de cuisines collectives : Soutenir et développer les cuisines collectives qui fournissent des repas nutritionnellement suffisants et culturellement adaptés. Ces cuisines ne se contentent pas de répondre aux besoins alimentaires immédiats; elles favorisent également l’engagement communautaire et renforcent les systèmes alimentaires locaux.
  2. Cadre juridique pour les droits alimentaires : Établir une base juridique pour garantir la sécurité et la durabilité alimentaires en adoptant un projet de loi-cadre qui garantisse le droit à l’alimentation. Cela obligerait le gouvernement et les organisations privées à garantir l’accès à une alimentaire adéquate, nutritive, culturellement pertinente et écologiquement durable, intégrant ainsi la durabilité du système alimentaire dans le cadre juridique et structurel.

Le projet de loi-cadre proposé par le RCCQ vise à entériner l’alimentation comme un droit humain fondamental au Québec, garantissant l’accès à une alimentation adéquate, culturellement appropriée et durable. Le projet de loi vise ainsi à lutter contre l’insécurité alimentaire par des changements systémiques et structurels.