Robert Fournier: Une évolution probable de la communication humaine. Un documentaire. ©2017

Chapitre deux

L’Homme d’aujourd’hui

La technosphère

Le gouverneur général du Canada David Johnston, à titre d’invité d’honneur à la 18e édition du Congrès mondial des technologies de l’information (World Congress on Information Technology), a souligné lors d’une allocution à quel point les technologies de l’information et des communications permettaient aujourd’hui aux citoyens de participer activement à l’amélioration de la société. Voici ses propos que rapporte Jean-François Ferland, dans son édition de Direction informatique.com du 22 octobre 2012[1]:

« Je compare souvent les technologies de l’information et des communications à l’industrie bancaire, qui nous a transformés en caissiers à l’aide des guichets automatiques et des transactions à distance. Aujourd’hui, les personnes produisent et déposent en ligne en deux journées autant de données que l’humanité a produit durant toute l’Histoire. Nous vivons de grands changements, mais d’autres changements sont à venir : au cours des quarante prochaines années, nous ferons plus de découvertes que celles qui ont été faites au cours de l’Histoire. Nous sommes seulement au début du changement qui est dû à l’utilisation de la technologie. »

Le gouverneur général du Canada a également souligné que les TIC[2] permettaient, mais aussi exigeaient plus de collaboration que jamais. Il a ajouté qu’il fallait résoudre certains enjeux afin d’établir un canevas de l’avenir de la société. « Chaque avancée technologique a un effet sur la société qui est semblable à celui d’un caillou qu’on lance dans l’eau », a-t-il souligné.

En affirmant que les TIC permettaient d’établir un monde plus intelligent, mais aussi plus attentionné, M. Johnston a souligné qu’il fallait entrevoir ce que les technologies peuvent offrir pour la jeunesse qui est « branchée, éveillée et grandement collaboratrice » et qui n’hésite pas à contester le statu quo. « Mais il n’y a pas que du positif dans les technologies. Les gens évoluent dans une ère de complexité et d’incertitude où les repères des transitions des étapes de la vie sont déplacés ou effacés. Il faut examiner les avantages d’une société numérique mondiale tout en réduisant les désavantages pour les gens », a-t-il déclaré.

Faits divers médiatiques

  • « Mais quoi, c’est pas possible, t’es pas sur Facebook? »

 

À la une de plusieurs sites internet “potineux”, ce matin 5 octobre 2012: Si Facebook était un Pays il serait le 3ème plus peuplé du Monde

… après la Chine et l’Inde. Le nombre d’utilisateurs actifs aurait dépassé le milliard, précise-t-on. Cela fait beaucoup d'”amis” interconnectés dans ce 6e Continent numérique!

 

Un réseau dans un réseau; pire: une nébuleuse dans la toile, qui finira par faire exploser Internet, pensent plusieurs! Un monde effarant! Selon la rédaction de ZDNet.fr, en date du 23 août 2012[3], Facebook doit stocker chaque jour 500 To[4] de nouvelles données sur son infrastructure informatique. Les 2,7 milliards de « J’aime »[5] effectués chaque jour sur Facebook, ce qui totalise environ 1,15 trillion de petits pouces en l’air depuis l’ajout de cette fonction en 2009, les 300 millions de photos mises en ligne[6] et les 2,5 milliards de contenus partagés participent à générer au quotidien une telle quantité de nouvelles données à stocker pour la plate-forme. Plus de 60 000 serveurs[7] répartis sur la Planète suffisent à peine à (di)gérer toute cette information.

Larry Rosen, spécialiste de la psychologie des nouvelles technologies, a mis en évidence (What’s Facebook’s Effect on Kids?) la possibilité d’une corrélation entre l’utilisation de Facebook et des tendances narcissiques, la dépendance à l’alcool et d’autres troubles mentaux. En revanche, Facebook peut aussi susciter l’empathie virtuelle — cette capacité de ressentir les émotions d’autrui à distance[8]Facebook a montré sa forte capacité de rassemblement lors de divers épisodes du printemps arabe en 2011. Le 13 janvier, sur l’avenue Bourguiba à Tunis (Tunisie), on pouvait compter «1,5 million de personnes connectées simultanément à Facebook dans un pays de 11 millions d’habitants». En Égypte, sur la place Al Tahrir, au Caire, «l’appel à manifester le 25 janvier 2011 lancé sur Facebook a été vu par plus de 500 000 personnes[9].

Facebook, enfin, se décline en 78 langues, y compris en l33t speak[10] et en latin!

  • Sandy

Au terme du mois d’octobre 2012, un ouragan sans précédent, d’une surface anormalement étendue selon les spécialistes, baptisé Fankenstormpar les médias américains, se transforme en cyclone post-tropical, pour atteindre la côte Est des États-Unis près d’Atlantic City, au New-Jersey. Le mardi 30 octobre, le site internet Earthcam.com, qui diffuse des millions d’images chaque jour, grâce à son réseau mondial de caméras, montre au monde entier en direct la ville de New-York paralysée par le passage de l’ouragan Sandy[11]. Pour sa part, Nasa Telivision, réseau de chaînes de télévisions de l’agence spatiale des États-Unis, diffusant simultanément sur le réseau télévisé et sur Internet, nous avait permis grâce à ses photos satellite de suivre en direct depuis plusieurs jours déjà l’évolution de l’ouragan puis du cyclone et le moment exact de son arrivée sur la côte Nord-Est des États-Unis. De son côté, le site Instacane, contraction d’Instagram, le site de réseautage social par le cliché et de hurricane (pour ouragan), propose à l’humanité branchée vivant dans ce coin du globe de se raconter l’angoisse de la tempête, par photos interposées, et d’en faire profiter la terre entière. En substance, Instacane rassemble au même endroit les photos prises par les milliers d’humains forcés de composer avec la violence de la météo et partagées par l’entremise du réseau social Twitter, avec le mot-clic[12] #instacane, rapporte Fabien Deglise dans son blog Les mutations tranquilles[13]. 230 000 clichés ont été échangés ainsi, grâce à cette application mobile pour téléphones intelligents. Instagram compte plus de 80 millions d’utilisateurs dans le monde qui échangent plus de 5 millions de photos par jour. C’est l’équivalent de Twitter, mais avec des images plutôt que des mots[14]. Selon le journal Le Monde, le mardi 30 octobre à la mi-journée, ce sont quelque 530 000 photos accompagnées du mot-clic #Sandy qui avaient été partagées sur Instagram. De son côté, Twitter a vu déferler 5,9 millions de micro-messages faisant référence à Sandy depuis le 28 octobre[15]. Une gigantesque batterie convergente de moyens est désormais mise à notre disposition pour communiquer l’immédiat à l’échelle mondiale et nous faire vivre en un clic, où que nous soyons sur la Planète, un événement en direct, ici une catastrophe. Nous sommes tous extrêmement touchés par ce genre de catastrophe, et cela est normal, nos fameux neurones miroirs. Ressentir la souffrance physique d’autrui passe par les neurones miroirs, mais aussi par l’évaluation d’une douleur morale. Les neurones miroirs sont des stars des neurosciences. Invoqués depuis une dizaine d’années pour expliquer la plupart des mécanismes de communication émotionnelle, d’imitation, d’empathie ou de compassion chez l’être humain comme chez d’autres animaux, ils véhiculent un concept aussi simple que séduisant : ces neurones ont la particularité de s’activer aussi bien lorsque nous faisons quelque chose, que lorsque nous voyons quelqu’un d’autre le faire. Facile, dès lors, d’expliquer les phénomènes d’empathie : si une personne en voit une autre pleurer ou rire, ses neurones miroirs s’activent en voyant les distorsions du visage de son vis-à-vis, et ce sont les mêmes neurones qui s’activent lorsque cette personne rit ou pleure elle-même. Elle ressent alors le fait de rire ou de pleurer[16].

Les événements heureux faisant rarement la manchette des médias, on ne trouve pas d’exemple où l’annonce de la naissance d’un enfant aurait fait instantanément le tour de la Planète par l’entremise d’Internet et des réseaux sociaux.

  • La guerre en direct

J’aurais pu choisir bien d’autres exemples morbides d’actualités, au même moment que Sandy mais sur un autre continent, comme la couverture en direct offerte par le réseau de nouvelles CNN Live du conflit meurtrier amorcé mi-novembre 2012 entre l’État d’Israël et les brigades armées al qassan, la branche armée du Hamas dans la Bande de Gaza en Palestine. Le Figaro.fr titrait à la une de son édition électronique du 19 novembre: Gaza: une guerre déclarée sur Internet[17]. Selon l’envoyé spécial du journal à Gaza, l’opération israélienne «Pilier de défense» est la première guerre de l’histoire à être déclarée sur Twitter. «Tsahal a commencé ses opérations contre les organisations terroristes à Gaza en raison des attaques contre les civils israéliens» a tweeté presque aussitôt après les premières frappes mercredi dernier le lieutenant-colonel Avital Leibovich, qui commande la nouvelle cellule de guerre en ligne de l’armée israélienne, poursuit le journaliste. Et d’ajouter: Depuis, l’affrontement entre Israël et les organisations palestiniennes à Gaza continue à faire rage sur Internet. Sur les réseaux sociaux, les adversaires échangent comme des roquettes et des missiles guidés leurs versions contradictoires du conflit, et font pleuvoir sur l’adversaire communiqués et informations, invectives et quolibets.

L’armée israélienne utilise toutes les plates-formes disponibles: Facebook, Twitter, Flikr, Tumblr pour diffuser son message et contrer la propagande adverse.

Dans une édition postérieure sur le même sujet, le jour même, titrée cette fois Tsahal communique tous azimuts sur InternetLe Figaro.fr explique que c’est la première fois qu’un tweet se substitue à une déclaration à la presse pour annoncer une opération militaire. L’objectif est de contourner les médias standards. Innovante, précise-t-on, cette communication est revendiquée par l’armée comme étant totalement transparente . «Le Web a poussé l’armée à s’ouvrir, explique au Figaro Sacha Dratwa, à la tête de l’unité des nouveaux médias du porte-parole de Tsahal. Les réseaux sociaux Twitter, Facebook, et notre site Internet nous ont permis d’ouvrir un canal de communication avec les internautes, et de relayer notre version de l’histoire de ce conflit, en contournant l’intermédiaire que représentent les médias standards»[18]. Cette communication aborde tous les sujets: le décompte des roquettes tirées sur Israël, les opérations militaires, les déclarations de hauts responsables.

Et ainsi vont les conflits, la diffusion de l’information et les communications au XXIe siècle…

  • Mind Meld

Dans la série originale Star Trekmind meld est une technique télépathique qui permet à un Vulcain de fusionner son cerveau avec le contenu du cerveau d’un autre par le recours à des manipulations digitales sur les tempes du crâne de l’individu, parfois accompagnées par des suggestions hypnotiques, telles “Mon cerveau dans ton cerveau, mes pensées dans tes pensées”. Spock a même pu fusionner son cerveau avec celui de non-humanoïdes, tels Horta sur Janus VI, et même avec des machines hybrides, telles le robot Nomad et la sonde V’Ger.

Plus près de nous, MindMeld est une application destinée aux tablettes iPad, qui promet d’anticiper les désirs de ses utilisateurs, en analysant leurs conversations en temps réel. Concrètement, les appels passés via l’application seront analysés par un système capable de comprendre ce que les gens disent et de chercher sur Internet des informations en rapport avec la requête. Par exemple, si l’un des interlocuteurs suggère un nouveau restaurant, MindMeld fera apparaître sur l’iPad un plan, un menu ou des critiques. S’il parle de vacances, des vidéos des endroits mentionnés pourront alors être affichées[19].

Beaucoup de chemin technologique encore à parcourir avant d’égaler Spock, apparemment!

Plus sérieusement, une pré-publication en-ligne, le 18 juin 2010, d’un rapport des PNAS[20], par Greg J. Stephens, Lauren J. Silbert, et Uri Hasson, intitulé Speaker–listener neural coupling underlies successful communication, fait état d’une sorte de mind meld entre paticipants à la conversation. Les chercheurs ont montré que les cerveaux des locuteurs et des auditeurs se synchronisent durant la conversation, et que ce “couplage neuronal” pourrait être la clé d’une communication efficace. Voici comment les auteurs résument leur découverte:[21]

Verbal communication is a joint activity; however, speech production and comprehension have primarily been analyzed as independent processes within the boundaries of individual brains. Here, we applied fMRI to record brain activity from both speakers and listeners during natural verbal communication. We used the speaker’s spatiotemporal brain activity to model listeners’ brain activity and found that the speaker’s activity is spatially and temporally coupled with the listener’s activity. This coupling vanishes when participants fail to communicate. Moreover, though on average the listener’s brain activity mirrors the speaker’s activity with a delay, we also find areas that exhibit predictive anticipatory responses. We connected the extent of neural coupling to a quantitative measure of story comprehension and find that the greater the anticipatory speaker–listener coupling, the greater the understanding. We argue that the observed alignment of production- and comprehension- based processes serves as a mechanism by which brains convey information.

  • TextosetGazouillis

«Une adolescente est happée mortellement par un chauffard, les yeux rivés sur son smartphone.»

L’ambiguïté dans cette phrase sera levée dans la suite de la dépêche où l’on appendra que c’est l’adolescente et non le chauffard qui était concentrée à texter. Un titre percutant[22], qui aurait très bien pu faire la manchette, et qui est également révélateur de l’impact de ce genre d’outil qui est presque devenu le prolongement de la main[23].

Les adolescents n’ont pas un langage trés élaboré, les parents s’en plaignent constamment; pourtant ils s’écrivent beaucoup et de plus en plus; les puristes en sont choqués, les jeunes violent sans aucun remords toutes les règles grammaticales et orthographiques de la langue. Cela n’a pas d’importance, tout au contraire, ils participent à leur façon à l’évolution de nos langues et de nos systèmes d’écriture.

  • « G1 cour a l’1ivRsiT taleur, bjné »[24]

Dans un rapport publié en 2008 par le Comité d’experts sur l’apprentissage du français au Québec, le Comité affirme qu’il ne faut pas montrer du doigt le langage 2.0 comme responsable des problèmes des élèves en français.[25] Une autre étude menée par l’équipe de Varnhagen et al. (2010)[26] de l’Université de l’Alberta, révèle quant à elle que les jeunes qui emploient régulièrement le cyberlangage sont souvent les plus habiles en orthographe. Enfin, un sondage sur les habitudes de consommation média des étudiants des collèges et des universités au Canada révèle que les textos sont plus utilisés que les appels téléphoniques[27].

On gazouille énormément aussi: d’innombrables messages superficiels et éphémères sont expédiés à chaque seconde entre utilisateurs branchés.

«Four more years», c’est par ces trois mots et une photo romantique de lui dans les bras de la Première dame que le président Obama a annoncé sa réélection sur Twitter, le mardi 6 novembre 2012. Ce gazouillis a été «retweeté» plus de 226 000 fois en l’espace de seulement 22 minutes, alors que mercredi matin il avait été relayé plus de 635 000 fois[28]. Un record absolu également sur Facebook, apprend-on: le lendemain matin, la photo avait recueilli près de 3,2 millions de «like» et avait été partagée près de 400 000 fois, rapporte le média en ligne français Libération[29]. Le plus grand nombre de tweets envoyés en un jour est de 177 millions, le 11 Mars 2011. Le record de tweets par seconde est de 6939 (passage à la nouvelle année au Japon). Le précédent record de 456 tweets par seconde était lié à la mort de Michael Jackson, le 25 Juin 2009[30]. Plus de 1 milliard de tweets enregistrés tous les 5 jours en 2011[31]. Même Joseph Ratzinger, un des hommes les plus importants de la Planète, n’est pas en reste. Le 4 décembre 2012, le Vatican annonce que plus de 500 000 personnes se sont déjà inscrites pour “suivre” Benoît XVI, 24 heures après l’annonce de l’ouverture de son compte sur twitter, @pontifex. Son premier tweet, rédigé en anglais, sera lancé en direct par le pape lui-même lors de l’audience générale du 12 décembre, a annoncé le Vatican dans une conférence de presse. Outre l’anglais, ses tweets seront aussi rédigés en espagnol, italien, portugais, français, allemand, polonais, arabe; d’autres langues devraient suivre[32]. Au moment de lancer son premire tweet, le compte du Pape avait déjà atteint le million d’abonnés: «Chers amis, c’est avec joie que je m’unis à vous par Twitter. Merci pour votre réponse généreuse. Je vous bénis tous de grand coeur», pouvait-on lire[33]. L’Argentin Jorge Mario Bergoglio, nouveau pape élu le 13 mars 2013, poursuivra l’initiative de Benoît XVI: «Bienvenido al Twitter oficial de Su Santidad Papa Francisco: @Pontifex_es ».

Pour ce qui est des textos, les nombres sont également astronomiques. Chaque seconde, 200 000 SMS sont envoyés à travers le monde! En 2008, selon le cabinet Gartner, 2500 milliards de SMS ou de MMS auraient été expédiés dans le monde, mais selon l’Union Internationale des Télécommunications en 2010, le nombre de SMS aurait atteint 6100 milliards et même 7000 milliards selon le magazine Newsweek. Nombre corroboré par le cabinet d’analyses américain ABI Research, selon lequel plus de 7000 milliards de SMS seront expédiés, dans le monde, en 2011[34].

Des données précédentes, on peut retenir au moins deux choses, un: le très haut niveau, sans précédent, d’interconnectivité intellectuelle qui toileen ce siècle la Planète toute entière; et deux: de toute l’histoire de l’Humanité, la communication écrite n’a jamais été aussi intense. Je reviendrai sur le premier point plus bas.

  • «Handschrift stirbt aus!Muss ich noch mit der Hand schreiben können? »

C’est la sonnette d’alarme titrée à la une du journal électronique allemand Bild.de, dans son édition du 13 novembre 2012[35]: « L’écriture manuelle se meurt! Dois-je savoir encore écrire à la main?». SMS, ordinateurs, smartphones… Le développement des écrans dans notre quotidien donne un coup de vieux aux mots tracés à la main. Il est bien sûr très loin le temps où on écrivait avec des calames[36]. L’écriture en lettres attachées pourrait bien être déjà un vestige du passé[37]. Ce recul de l’écrit manuel ne serait pas sans conséquence sur l’apprentissage et la pensée. D’après le journal, la place croissante des ordinateurs et des téléphones modifie peu à peu notre rapport à l’écrit, à tel point que nous utilisons mal ou moins la partie du cerveau consacrée aux mouvements. Selon une étude britannique citée dans l’article[38], un adulte britannique sur trois n’aurait pas écrit à la main dans les six derniers mois. Maître de conférences en littérature, Jacques A. Gilbert a posé en ces termes[39] les bases du dilemme dans un article consacré à l’ouvrage de Nicolas Carr (2011), Internet rend-il bête?:

« J’ai pour une large part abandonné l’écriture à la main au profit du clavier. (…) Les textes que j’écris encore à la main sur du papier ou même sur une tablette graphique traduisent une certaine attitude. La main est plus libre sur une page, même numérique. À côté de l’écrit, je peux tracer des petits dessins. Faire des flèches et procéder à une multiplicité de variations que les logiciels d’écriture nomment “enrichissements”. C’est le plaisir du geste. Mais, globalement, la productivité de mon écriture manuelle est bien inférieure à celle de mon écriture au clavier ».

Il faudrait donc choisir entre le plaisir et l’efficacité. À supposer que les digital natives – les “enfants du numérique” – conserveront le goût des liés et des déliés tracés à l’encre noire, ce qui, en toute vraisemblance, ne se produira pas (Palfrey & Gasser, 2008[40]).

Anne Trubek, professeur d’écriture à Oberlin College (Ohio), est encore plus radicale. Dans un article publié dans le magazine Miller-McCune en 2009, Handwriting is History[41][42], elle relègue l’écriture manuelle dans l’histoire ancienne et invite ses lecteurs à ne pas sombrer dans la nostalgie. « Quand une technologie nouvelle se développe, nous avons tendance à idéaliser l’ancienne ». Selon elle, les progrès du numérique répondent pourtant à la mission originelle de l’écrit, l’efficacité et l’organisation rapide de la pensée:

« [La technologie] nous permet d’aller plus vite, et ce n’est pas parce que nous voulons toujours tout plus vite dans notre époque survoltée, mais bien pour la raison inverse : nous voulons plus de temps pour penser».[43]

En 2014, apprend-on, « l’enseignement de l’écriture manuscrite sera rendu facultatif dans pas moins de 45 Etats américains pour privilégier l’utilisation de logiciels de traitement de texte tels que Word »[44].

J’ai cessé de m’étonner, après plus de deux décennies d’enseignement de la lingusitique, devant mes étudiants qui confondent oral et écrit quand il est question de Langue, et qui mettent beaucoup de temps et d’effort à reconnaître la primauté du premier sur le second. Dans mon contexte, où j’enseigne à des étudiants anglophones se spécialisant en français, la situation peut souvent se présenter ainsi:

Un étudiant:  – «Le français est une langue difficile!»

Moi:                – «Oui, peux-tu me donner un exemple de difficulté du français?»

– «Euh … l’accord du participe passé.»

– «Ton exemple concerne le français écrit. Peux-tu me donner un autre exemple?»

– «Euh … Y’a trop de formes différentes dans la conjugaison des verbes.»

– Etc.

Les difficultés du français que rapporte cet étudiant visent la forme écrite du français, et il n’a pas encore observé que les règles d’accord du participe passé sont à toutes fins pratiques inexistantes en français parlé ordinaire, et que la conjugaison du français parlé présente au contraire beaucoup d’uniformité, et assez peu de variations. Conjuguez le verbe aimer au présent de l’indicatif pour vous en convaincre: [ʒ-ɛm; ty-ɛm; il-ɛm; ɔ̃n-ɛm; vuz-ɛme; ilz-ɛm]. Dans cet exemple le préfixe pronominal compte 6 variantes; le verbe n’en compte que 2 ([ɛm] et [ɛme]). Aucun étudiant n’a jamais mentionné le grand nombre de formes pronominales. Par ailleurs, aucun étudiant n’a jamais donné comme exemple de difficulté du français la prononciation des voyelles antérieures arrondies [y, ø, œ], absentes de la phonologie de l’anglais.

Combien de gens confondent, au premier chef les francophones, parole et écriture en parlant du français? Rien d’étonnant à tout cela: l’histoire de la grandeur de la langue française qu’on nous a inculquée est celle de sa littérature, une langue écrite donc.

  • Une autre petite incursion dans le passé

À quoi devrait servir l’écriture? Dans notre monde occidental où l’alphabet latin prédomine, la réponse simple est que l’écriture devrait servir à représenter visuellement les sons de la parole. Cette représentation est nécessairement approximative et arbitraire, puisque rien ne permet concrètement de relier un signe sonore à un signe visuel. Néanmoins, cette relation est devenue conventionnelle, et fonctionne. Plus important encore, l’écriture sert également, tout comme la parole, à transmettre nos pensées de notre cerveau aux cerveaux d’autres individus. Ce médium de transmission a une qualité de permanence que la parole ne possède pas. Il permet également de communiquer dans le temps et dans l’espace, ces deux derniers caractères étant passablement limités pour la parole. Enfin, en comparaison encore une fois avec la parole, l’écriture est une invention relativement récente: alors que l’Homme utilise un langage articulé depuis plus de 100 000 ans, il n’écrit que depuis environ 6000 ans.

Ethnologue[45] recense 7097 langues connues actuellement dans le Monde. On estime à environ 3%, soit tout au plus 200[46], le nombre de ces langues qui possèdent un système d’écriture. Les internautes et amateurs de sms locuteurs de ces langues non écrites n’ont donc d’autre choix que de recourir à une langue seconde pourvue d’un système d’écriture afin de communiquer par ce véhicule d’expression, ou plus couramment à une langue de large diffusion comme l’anglais en ce moment. Selon le site Internet World Stats (31 mai 2011), l’anglais est, sans surprise, la langue la plus largement utilisée sur Internet (27%), suivi du chinois (24%), et loin derrière le français (3%)[47].

L’apparition de l’écriture dans l’histoire de l’Humanité représente une révolution culturelle et technologique majeure. Ainsi naissait un nouveau moyen de communication et d’expression. Le besoin de comptabiliser, transmettre, et archiver des informations a certainement servi d’impulsion à cette invention. Le besoin également de fixer des messages et de consigner faits et pensées de façon durable. De fait, l’écriture a été inventée à plusieurs reprises, ouvrant la voie à chaque fois à un nouveau système graphique différent et original.

Des montagnes de documents ont été écrits depuis l’invention des différentes écritures, nos bibliothèques universitaires ne savent plus où les entreposer; l’abonnement à des livres et revues numériques pourrait permettre en partie de solutionner ce problème. Par ailleurs, une quantité phénoménale de textes, même brefs, continuent de s’écrire depuis l’avènement d’Internet. Contrairement à ce qu’ont pu croire certains alarmistes au cours du dernier demi-siècle, les communications écrites ne sont certes pas en train de disparaître, mais tout au contraire elles explosent littéralement grâce à la révolution Internet, en plus de s’adapter à ce nouvel instrument technologique. Cette adaptation touche la forme même des règles traditionnelles d’usage de la langue et transforme petit à petit son orthographe. L’écriture manuscrite devient tapuscrite, mais ce n’est là qu’une transformation technologique mineure en attendant un meilleur contrôle cerveau-machine. Sauf pour le pur plaisir, on peut facilement imaginer que dans moins d’une centaine d’années on n’écrira plus à la main, ni à la machine.

Il n’est pas utile ici de refaire l’histoire de l’écriture; le sujet est vaste et complexe, comme le montrent les excellents ouvrages de Février (1948)[48],  Gelb (1973)[49], et Calvet (2011)[50]. Je m’en tiendrai plutôt à un très court survol, laissant volontairement de côté de nombreuses formes d’écriture très importantes comme les écritures chinoise et arabe, les écritures méso-américaines et africaines. Ce survol sera amplement suffisant pour appuyer l’idée générale que je propose dans ce texte. La thèse que défend Calvet et à laquelle je souscris se résume comme ceci (p. 22):

« Langue et écriture procèdent de deux ensembles signifiants tout à fait différents à l’origine, la gestualité et la picturalité. Leurs rapports relèvent de la rencontre de ces deux ensembles qui continuent par ailleurs leurs vies autonomes: l’écriture est de la picturalité asservie à une gestualité (la langue). »

Calvet aurait préféré intitulé son livre Histoire des écritures dont nous avons conservé la trace, car, en effet, plusieurs formes ou systèmes d’écriture ont existé et existent encore aujourd’hui, et d’autre part, il est bien possible que d’autres systèmes d’écriture dont nous n’avons pu noter l’existence aient disparu sans laisser de traces matérielles (tatouages, peintures sur la peau, sur des tissus, des morceaux d’écorce, etc.).

C’est en Mésopotamie où l’on retrouve les premières traces tangibles d’écriture, remontant à environ 6000 ans, dans les restes des temples des cités d’Uruk et de Lagash, le pays de Sumer (l’actuel Irak). Une autre forme d’écriture est apparue presque simultanément en Égypte à la même époque, l’écriture hyérogliphique. Ce système n’a pratiquement pas changé dans ses principes au cours de ses trente-six siècles d’histoire, mais il a donné naissance à deux formes d’écriture plus cursives mieux adaptées aux matières fragiles : les écritures hiératique et démotique. L’écriture démotique devient à partir du VIIe siècle avant J.-C. l’écriture officielle. C’est la seule écriture égyptienne à connaître une large utilisation dans la vie quotidienne (“démotique”, du grec demotika, “écriture populaire”). Très cursive, riche en ligatures et en abréviations, elle a simplifié à l’extrême l’aspect de représentation.[51]

Selon Calvet, l’apparition de l’écriture est liée à au moins deux facteurs: le facteur urbain d’une part, et les nécessités de la comptabilité d’autre part. Les Sumériens utilisaient l’écriture pour la rédaction de livres de comptabilité et dénombraient ainsi les possessions du temple comme les sacs de grains et les têtes de bétail. Les scribes sumériens utilisaient des roseaux taillés en bizeau (les calames) pour tracer les signes sur des tablettes d’argile, d’où ce style d’écriture en forme de coin que l’on dénommera cunéiforme. Cette écriture était composée de pictogrammes, c’est-à-dire de signes représentant un seul mot ou concept. «Les cunéiformes issus des premiers pictogrammes sumériens auront une fortune historique importante, soutient Calvet (45): ils vont au cours des siècles servir à noter plusieurs langues de structure différente, dans des régions parfois éloignées les unes des autres, puis donner naissance aux différents alphabets du monde».

Et comme nous le rappelle encore Calvet (121):

« L’alphabet est […] l’une des formes de l’écriture, celle qu’un certain nombre de sociétés ont retenue, mais il ne faut jamais oublier qu’une grande partie de l’humanité, et par exemple aujourd’hui plus d’un milliard de Chinois, utilise d’autres systèmes qui leur paraissent également naturels et représentent pour eux l’écriture…»

Un alphabet est un ensemble de symboles appelés lettres (le terme technique est graphèmes) devant servir à noter les sons de la parole, c’est-à-dire les phonèmes d’une langue. La plupart des écritures alphabétiques échouent à rencontrer parfaitement cet objectif. Cela tient en large partie au fait que le système d’écriture est constamment en retard sur l’évolution phonétique de la langue, ce qui rend l’apprentissage de l’orthographe de la langue souvent pénible et problématique. Pour les linguistes, le système idéal pour la transcription d’un langue est l’alphabet phonétique, connu sous le nom d’API (pour Alphabet Phonétique International), dont les principes essentiels sont que chaque symbole graphique note toujours un son particulier, et que chaque son de la langue est toujours noté graphiquement par le même symbole; c’est le principe de la biunivocité. Cette idéalisation des linguistes ne serait néanmoins pas toujours réaliste (Voir par exemple à ce sujet Hazael-Massieux, 1993[52]).

Parmi les centaines d’alphabets qui existent dans le monde, c’est l’alphabet latin, d’origine romaine, qui domine actuellement. Cet alphabet, lui-même d’origine grecque, peut revendiquer le statut d’écriture internationale, puisqu’il est utilisé pour noter les langues d’Europe occidentale et de ses anciennes colonies en Amérique du Nord et de façon adaptée plusieurs langues africaines. Ce statut, il le dispute avec l’alphabet cyrillique, qui est devenu en 2007 le troisième alphabet de l’Union européenne après le latin et le grec[53]. L’alphabet latin est également le seul utilisé pour noter de façon sécurisée les adresses de sites internet (URL) et de courriel, et a été le premier alphabet reconnu par les appareils informatiques[54].

Selon Gelb (1952)[55], les écritures alphabétiques, tel l’alphabet latin, représenteraient le stade le plus avancé de l’évolution des systèmes d’écriture. Conjugué avec ce que j’en dis précédemment, cela en ferait, pour certains, le meilleur système d’écriture de l’humanité.

Malgré le génie extraordinaire qui s’est manifesté derrière l’invention et l’évolution des divers systèmes écritures, pour la transmission, la conservation, la pérennité des mémoires, l’Humain communique toujours par écrit au moyen d’objets rudimentaires, que ce soient des bouts de crayon HB, une plume V5 Pilot Hi-techpoint 0,5, ou le clavier virtuel touchpad d’un iPhone ou d’un iPad, qui ne se distinguent pas nettement du calame, ce roseau taillé dont les Anciens se servaient pour écrire. L’écriture demeure encore, malgré ces avancées technologiques, tributaire de la parole, qui de son côté est sous l’emprise, faute de mieux, des articulateurs vocaux. Et si nous avons été correct, au chapitre premier, d’associer la vocalité à la gestualité, force est d’admettre encore une fois qu’en recourant à des moyens graphiques pour retenir l’insaisissabilité, la fugacité (Calvet), de la parole, nous n’avons fait encore une fois que transformer du gestuel en gestuel.

En définitive, mes étudiants ont raison: le français est une langue difficile, et cela elle le doit en grande partie à son orthographe largement étymologisante passéiste, qui a résisté maintes fois à toute réforme sérieuse et en profondeur, surtout en ce qui touche son aspect grammatical, refusant de se mettre au diapason avec l’évolution orale de la langue.

Je crois avoir donné, dans ce qui précède, suffisamment d’exemples de faits divers médiatiques tirés d’Internet et de ses avatars les médias sociaux pour illustrer à quel point la communication humaine est passée d’une activité jadis réservée à deux ou quelques individus en situation de proximité, à une activité planétaire mettant en interaction très étroite des destinateurs et des destinataires sans égard à leur géolocalisation.

 

[1] http://www.directioninformatique.com/coup-denvoi-du-congres-wcit-2012/15790

[2] Technologies de l’information et de la communication.

[3] http://www.zdnet.fr/actualites/facebook-500-to-de-donnees-enregistrees-quotidiennement-39775333.htm

[4] To est l’abbréviation de téra-octet, qui équivaut à 1000 giga-octets.

[5] Les jeunes Français adoptent de plus en plus l’anglicisme “liker”, comme on peut le lire fréquemment sur des posts de YouTube: « N’hésite pas à liker et à commenter sur ma fanpage », écrit l’un. « Barack et Michelle Obama s’enlaçant: la photo la plus “likée” de tous les temps », souligne le média français TF1 News. http://lci.tf1.fr/elections-usa/barack-et-michelle-obama-s-enlacant-record-de-likes-quelle-est-7642737.html.

[6] Une autre source donne 219 milliards pour cette seule fonction. Dans ce domaine, on note fréquemment une tendance à l’inflation des données, réelles ou imaginaires?

[7] Les données officielles à ce sujet sont difficiles à obtenir. Data Center Knowledge évaluait le nombre à 30 000 en octobre 2009 [http://www.datacenterknowledge.com/archives/2009/10/13/facebook-now-has-30000-servers/ ]; on peut donc l’estimer au double en 2017, étant donné la croissance sans cesse démesurée de ce réseau.

[8] http://www.technologyreview.com/news/424955/status-update-whats-facebooks-effect-on-kids/

[9]«E-révolutions et révolutions », Colloque, Calenda, 29 novembre 2012, http://calenda.org/227655 .

[10] Le Leet speak (en leet speak : 1337 5|*34|<), de l’anglais « elite speak » (litt. « langage de l’élite »), est une écriture utilisant les caractères alphanumériques ASCII d’une manière peu compréhensible pour le néophyte. Le principe est d’utiliser des caractères graphiquement voisins des caractères usuels, par exemple 5 au lieu de S, 7 au lieu de T et pour les extrémistes |_| au lieu de U ou |< au lieu de K, sans respect de l’orthographe ou des majuscules. Ce langage se retrouve chez certains geeks technophiles, utilisateurs de jeux en réseau et demosceners (concepteur de démonstrations). http://fr.wikipedia.org/wiki/Leet_speak.

[11] L’interprète ASL Lydia Callis a bien failli voler la vedette au maire de New-York au moment où celui-ci informait à la télévision les citoyens de la marche à suivre à l’approche de la tempête. La magnifique performance de Callis a fait le régal des médias sociaux et de toute la tweetosphère. http://www.eonline.com/fr/news/358513/hurricane-sandy-s-sign-language-sweetheart-lydia-callis

[12] Francisation de «hashtag», proposée par l’Office québécois de la langue française (OQLF). Pour sa part, la CSTIC (Commission Spécialisée de Terminologie et de Néologie de l’Informatique et des Composants Electroniques), organisme français chargé de néologie et normalisation de la terminologie informatique a choisi “mot-dièse” pour franciser le même terme. Bien curieuse cette décision de la CSTIC quand on sait que ce dièse est en fait un croisillon; les Québécois franciseurs ne s’y sont pas laissé prendre.

[13] http://www.ledevoir.com/opinion/blogues/les-mutations-tranquilles/362646/l-amerique-se-raconte-l-

ouragan-sandy-en-photo-sur-les-reseaux-sociaux

[14] Nathalie Collard, La Presse, 31 oct. 2012: http://www.lapresse.ca/arts/medias/201210/31/01-4588855-sandy-un-bon-coup-pour-instagram.php .

[15] http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/10/31/les-reseaux-sociaux-outils-contre-la-

tempete-sandy_1783579_651865.html.

[16] http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-empathie-la-fin-des-neurones-miroirs-20935.php

[17] http://www.lefigaro.fr/international/2012/11/19/01003-20121119ARTFIG00421

-gaza-une-guerre-declaree-sur -internet.php.

[18] http://www.lefigaro.fr/international/2012/11/15/tsahal-communique-tous-azimuts-sur-internet.php

[19] http://www.01net.com/editorial/574617/mindmeld-anticiper-vos-desirs-sur-ipad-il-y-a-une-appli-

pour-ca/

[20] Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA, http://www.pnas.org/content/107/32/14425

[21] PNAS, August 10, 2010, vol. 107, no. 32:14425–14430.

[22] Je confesse que ce titre à la une est mon invention; cependant, quoi que je ne me considère pas comme un chauffard, cela a bien failli m’arriver plusieurs fois de frapper un(e) étudiant(e) aux commandes de son téléphone cellulaire, en quittant en voiture le campus universitaire où je travaille.

[23] Sur une note plus triste, le 19 avril 2013, une jeune femme de 20 ans est morte en tombant sur les rails du métro de Montréal, en croyant entrer dans un wagon du train. Visiblement distraite par son téléphone intelligent, la jeune femme se trouvait plutôt devant l’espace séparant deux wagons de métro. Elle serait ainsi tombée accidentellement dans le tunnel. (http://www.radio-canada.ca/regions/Montreal/2013/04/26/004-audrey-anne-dumont-metro-coroner.shtml)

[24] «J’ai un cours à l’université tout à l’heure, bonne journée». Cet exemple est tiré du glossaire du site Donner sa langue au chat de Radio-Canada.ca: http://ici.radio-canada.ca/sujet/glossaire/.

[25] Gouvernement du Québec,
Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport.  2008.  Mieux soutenir le développement de la compétence à écrire. Rapport du Comité d’experts sur l’apprentissage de l’écriture, 41 p.

[26] Varnhagen, C. K. et al.  2010.  lol: new language and spelling in instant messaging. Reading and Writing, 23:719–733.

[27] http://fr.canoe.ca/techno/internet/archives/2012/12/20121205-113917.html

[28] http://www.lapresse.ca/international/ailleurs-sur-le-web/201211/07/01-4591269-barack-obama-

et-le-tweet-le-plus-populaire-de-tous-les-temps.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_ contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4591235_article_POS2.

[29] http://www.liberation.fr/monde/2012/11/07/mitt-romney-reconnait-sa-defaite-face-a-obama_858698.

[30] http://www.cachem.fr/twitter-140-millions-tweets-jour-460-mille-comptes-crees-jour/.

[31] http://www.accessoweb.com/Les-records-de-tweets-2011-en-1-image_a10372.html.

[32] https://twitter.com/pontifex

[33] http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2012/12/12/004-premier-tweet-pape.shtml .

[34] http://www.planetoscope.com/electronique/718-nombre-de-sms-envoyes-dans-le-monde.html.

[35] http://www.bild.de/ratgeber/2012/handschrift/handschrift-stirbt-aus-muss-ich-noch-per-hand-schreiben-koennen-24861372.bild.html

[36] Roseaux taillés en pointe pour tracer les signes sur des tablettes d’argile.

[37] http://quebec.huffingtonpost.ca/2012/11/26/ecriture-lettres-attachees-vestige_n_2194190.html

[38] Handwriting dying a slow death http://in.news.yahoo.com/handwriting-dying-slow-death-103519345.html.

[39] L’écriture à la ligne, Linéarité de la pensée et morphogenèse de l’écriture (I)http://www.implications-philosophiques.org/actualite/une/lecriture-a-la-ligne-linearite-de-la-pensee-et-morphogenese-de-lecriture-i/

[40] Palfrey, J & U. Gasser.  2008.  Born Digital: Understanding the First generation of Digital Natives. Basic Books.

[41] http://www.psmag.com/culture-society/handwriting-is-history-6540/

[42] http://ideas.blogs.nytimes.com/2009/12/23/why-handwriting-is-history/?src=twt&twt=nytimesideas

[43] Faut-il regretter le déclin de l’écriture manuelle? http://www.newsring.fr/societe/1065-faut-il-regretter-la-mort-de-lecriture-manuelle/reperes

[44]http://expresse.excite.fr/les-ecoles-de- 45-etats-americains- devraient- rendre- lecriture- manuscrite-optionnelle-N29811.html

[45] Lewis, M. P. (ed.).  2016.  Ethnologue: Languages of the world, 19th edition, SIL.

[46] http://www.axl.cefan.ulaval.ca/Langues/1div_recens.htm

[47] http://www.internetworldstats.com/stats.htm

[48] Février, J.  1948.  Histoire de l’écriture. Paris: Payot.

[49] Gelb, I. J.  1973.  Pour une théorie de l’écriture. Paris: Flammarion. Traduction de 1952: A Study of Writing. The Foundations of Grammatology. Chicago: University of Chicago Press.

[50] Calvet, L. J.  2011.  L’histoire de l’écriture. Fayard/Pluriel.

[51] http://classes.bnf.fr/ecritures/enimages/naissances/egypte5.htm

[52] Hazael-Massieux, M.-C.  1993.  Écrire en créole. Oralité et écriture aux Antilles. Paris: L’Harmattan.

[53] http://fr.wikipedia.org/wiki/Alphabet_cyrillique

[54] http://fr.wikipedia.org/wiki/Alphabet_latin

[55] Op. cit.