Robert Fournier: Une évolution probable de la communication humaine. Un documentaire. ©2017

Chapitre quatre

Enchevêtrement

La téléportation: Science ou Fiction

Pour les plus âgés d’entre nous, la téléportation évoque les séries cinématographiques de science-fiction comme Star Trek, mais aussi des oeuvres de littérature classique en science-fiction telles que World of Ā (Null-A) d’A. E. van Vogt (Astounding Science Fiction, 1945), The Fly de George Langelaan (Playboy Magazine, juin 1957), et Rogue Moon d’Algis Budry (Gold Medal Books, 1960). Le concept de téléportation est aussi apparu dans plusieurs épisodes d’anthologies de séries télévisuelles de science-fiction telles The twilight zone (La quatrième dimension) (~1959), et The outer limits (~1963). Ce concept a été originellement développé au cours de l’âge d’or de la littérature de science-fiction du 20e siècle par des auteurs en quête d’une forme instantanée de technologie de transportation de masses corporelles pour appuyer les intrigues de leurs histoires. Grâce à Star Trek, tout le monde est familier avec ce dispositif de “transporteur” qui est utilisé pour téléporter du personnel et du matériel de vaisseau en vaisseau, ou du vaisseau à une planète, et vice versa, à la vitesse de la lumière.

Selon Robert L. Forward[1], physicien et auteur de science-fiction américain, le noyau dur de la littérature de science-fiction moderne, à l’exception de la série Star Trek qui se perpétue, a abandonné le recours à la téléportation, parce que les auteurs croient que ce concept a davantage à voir avec le domaine de la parapsychologie, du paranormal ou de la fantaisie imaginative que du domaine scientifique.

Cependant, depuis les années 1980, des développements dans la théorie quantique et la physique générale de la relativité ont fait resurgir l’exploration de la réalité de la téléportation. Une explosion de travaux dans la littérature populaire et scientifique au cours des années 1990 ont fait renaître les possibilités technologiques offertes par la téléportation. De plus, des cas de téléportation suspects ont été scientifiquement investigués et documentés par le Département de Défense des États-Unis. Il a été reconnu que l’extension des recherches en téléportation quantique et d’autres formes de téléportation physique pourrait avoir un impact positif sur les communications et les technologies de transport pour les domaines militaires et civils (Davis, 2004)[2]. Dans son rapport à l’AFRL, Davis définit cinq types de téléportation qu’il a identifiés dans ses recherches, dont il tente d’évaluer leurs mérites respectifs en s’appuyant sur les recherches scientifiques menées sur chacune d’elles:

1) La téléportation Sci-Fi (pour science-fiction): c’est le transport dématérialisé de personnes ou d’objets inanimés à travers l’espace par des moyens technologiques avancés (futuristes);

2) La téléportation-p (pour psychique): c’est le transport de personnes ou d’objets inanimés à travers l’espace par des moyens psychiques;

3) La téléportation-vm (pour “vacuum”): c’est le transport de personnes ou d’objets inanimés à travers l’espace, en modifiant les propriétés du vide (vacuum) espace-temps, ou en modifiant l’espace-temps géométrique;

4) La téléportation-q (pour quantique»): c’est le transport dématérialisé de l’état quantique d’un système et sa corrélation à travers l’espace à un autre système, où système se réfère à toute particule unique ou entités collectives de matière ou d’énergie tels les baryons (protons, neutrons, etc.), leptons (électrons, etc.), photons, atomes, ions, etc.;

5) La téléportation-e (pour exotique): c’est le transport de personnes ou d’objets inanimés à travers des dimensions extra-spatiales ou des univers parallèles.

Nous devons oublier la téléportation Sci-Fi pour ce qu’elle est, c’est-à-dire de la «pure fiction», pour passionnés de futurologie.

La téléportation-vm est également du domaine de la fiction, dans la mesure où sa réalisation nécessite la présence d’un espace vide (vacuum), qui ne peut se trouver qu’en-dehors de l’atmosphère terrestre, ou qui doit être physiquement construit. Passablement de recherches scientifiques et de nouvelles découvertes restent à faire pour arriver à ce dernier résultat. Quant à la téléportation au-delà de l’atmosphère terrestre, elle ne serait pratiquement envisageable qu’entre des vaisseaux spaciaux naviguant dans le vide extra-terrestre, à des fins militaires essentiellement.

La téléportation-e serait aussi du domaine de la science-fiction, puisqu’aucun des concepts théoriques nécessaires à sa réalisation n’ont été menés à un niveau de maturation technique, et il n’est pas possible d’affirmer jusqu’à présent qu’il puisse être théoriquement possible de voyager entre des dimensions, univers ou espaces extra-spatiaux; aucune vérification expérimentale de ces théories n’est encore possible.

Cela nous laisse avec les deux derniers types de téléportation identifiés, dont il est possible de reconnaître un potentiel de réalité physique.

La téléportation-p concerne la psychokinésie, dont la télékinésie est une forme particulière. La télékinésie décrit le mouvement d’objets stationnaires sans le recours à une quelconque force physique, alors que la psychokinésie est essentiellement l’influence mentale sur la matière, sans énergie physique ou instrumentation intermédiaires. La précognition, la vision et diverses formes de contrôle à distance[3], la clairvoyance, la télépathie, et autres phénomènes paranormaux du même genre, relèvent de la psychokinésie. Il existe, un peu partout dans le monde, de très nombreuses données de recherches scientifiques factuelles attestant la réalité physique de la téléportation-p et de phénomènes psi inusités (voir p. ex. Mitchell 1974[4]; Targ & Puthoff 1977[5]; Nash 1978[6]; Targ 1996[7]; Radin 1997[8]; Tart & al. 2002[9], etc.). Nous ne devrions pas être trop pressés de rejeter la téléportation-p comme sujet valable d’exploration scientifique future, soutient Davis (2004). Ce type de téléportation et les phénomènes associés constituent de véritables anomalies et défient les paradigmes scientifiques modernes consensuels. Cependant, «les scientifiques, défendent Lightman & Gingerich (1992:694)[10], sont souvent réticents à modifier les paradigmes pour les raisons purement psychologiques que le familier est souvent plus rassurant que le non-familier et que les divergences dans les croyances rendent mal à l’aise». Pourtant, les théories changent avec le temps au fur et à mesure que les anomalies sont prises en considération. Les anomalies scientifiques sont inattendues et difficiles à expliquer dans un cadre conceptuel existant, mais elles sont particulièrement utiles car elles pointent parfois sur des défauts ou des inadéquations des anciens modèles théoriques tout en ouvrant la voie à de nouveaux. Certains chercheurs soutiennent qu’il est nécessaire de faire appel à une nouvelle physique, qui ferait le lien entre la conscience humaine (i.e. la physique de la conscience), la physique quantique et la physique de l’espace-temps, de façon à mieux comprendre la téléportation-p et les phénomènes psychokinésiques (Davis, 2004:58).

Dans un complément à son article paru dans Québec Science[11], Stéphane Durand, du Centre de recherches mathématiques de l’Université de Montréal, donne la définition suivante de la téléportation[12]:

La téléportation d’un objet d’un point A à un point B (d’une planète à une autre, par exemple) n’est pas le déplacement physique de l’objet de A vers B. C’est plutôt la “dématérialisation” de l’objet en A, l’envoi d’un signal de A vers B contenant les “plans” de l’objet, puis la “reconstruction” de l’objet au point B. La reconstruction se fait à partir d’atomes qui se trouvent déjà en B. Par conséquent, aucune matière ne voyage, seulement de l’information. L’objet en B n’est donc pas le même que l’objet en A (il n’est pas fait des mêmes atomes) mais plutôt une copie parfaite.

Les initiés auront reconnu dans cette définition plusieurs éléments de la mécanique de la téléportation quantique. Pour Durand, la téléportation est “clairement un moyen de communication (on peut téléporter un message!)”. C’est grâce au travail expérimental de Bennett & al. (1993)[13], que nous avons connu une percée majeure dans la démonstration du principe de la téléportation quantique. Cette équipe a réussi à téléporter l’état quantique d’un système à deux-états, telle la polarisation d’un photon[14], en utilisant comme seule ressource une paire de photons enchevêtrés (intriqués). Ceux-ci ont notamment découvert qu’un aspect particulier mais fondamental de la mécanique quantique, à savoir l’enchevêtrement [15] («entanglement»[16]), pouvait être utilisé pour contourner les limitations imposées par le principe d’incertitude, ou d’indétermination («uncertainty principe») de Heisenberg, selon lequel on ne peut connaître et la position précise d’un objet et sa vitesse simultanément[17]. Dans cette expérimentation, ce n’est pas la matière elle-même qui est téléportée, mais bien l’information nécessaire à la reconstruction de sa copie exacte. Cette découverte fut rapidement confirmée depuis par plusieurs autres équipes de chercheurs en physique quantique[18].

Ce type de téléportation, contrairement aux versions de science-fiction, ne défie aucune loi de la physique: d’abord, elle n’a pas lieu instantanément et, ensuite, elle ne se produit pas plus vite que la vitesse de la lumière. De plus, elle ne permet pas de téléporter, au sens strict, un être vivant ou même une particule.

Cette technologie de téléportation est très prometteuse, puisqu’elle ouvre la voie au développement de l’informatique quantique, et donc à des ordinateurs quantiques (Kimble, 2008[19]; Ladd & al. 2010)[20] capables de stocker des quantités encore beaucoup plus grandes d’information, et aussi de les traiter beaucoup plus rapidement, que ce que nous connaissons aujourd’hui; cette technologie ouvre également la voie au développement de la «cryptographie quantique», c’est-à-dire la possibilité d’envoyer, grâce à des photons corrélés (complémentaires), un message binaire crypté sans que personne ne puisse intercepter cette information (Bennett, Brassard & Ekert, 1992)[21].

Au cours de la dernière décennie, on note un fort enthouiasme dans le développement de la téléportation quantique, à tel point qu’il est devenu usuel de parler à ce sujet de véritable course à la distance la plus longue à franchir. De nouveaux records de téléportation de l’information de l’état quantique d’un photon sont régulièrement brisés les uns après les autres. Depuis la première téléportation réussie de l’équipe de Bennett et al. (1993) sur une distance d’un mètre, les chercheurs ont progressivement affiné leurs méthodes et leurs techniques, et varier leurs protocoles d’expérimentation, pour atteindre une distance de quelques centaines de mètres (Marcikic et al. 2003[22]; Ursin et al., 2004[23]), puis une distance de 16 kilomètres, entre Badaling à Beijing (le site de téléportation) et le site récepteur à Huailai dans la province de Hebei (Jin, 2010[24]), à une distance de 97 kilomètres, de GangCha à GuanJing, de part et d’autre du lac Qinghai en Chine (Yin et al. 2012)[25], record nouvellement battu, récemment, sur une distance de 143 kilomètres entre La Palma et Tenerife dans les Îles Canaries (Ma et al. 2012).[26] Plus récemment encore, une équipe chinoise (Liao et al. 2017[27]; Yin et al. 2017[28]) a réussi la téléportation quantique d’une particule sur une distance de 1200 kms. entre la Terre et un satellite placé dans l’Espace.

L’objectif de téléporter toujours plus loin, ou toujours plus haut devrait-on dire, est de pouvoir relier les stations terrestres avec les satellites (Aspelmeyer et al. 2003)[29], et les satellites entre eux, pour ensuite rebondir à nouveau ici sur Terre, avec à la clé des capacités et des vitesses de transmission d’information encore inimaginables, et une sécurité de cryptage impossible à casser (Nielsen & Chuang, 2000[30]; Gisin & Thew, 2007[31]), cela allant permettre de futures applications telles la communication entre des ordinateurs quantiques[32]. L’Internet quantique, qui n’est plus très loin sera probablement la prochaine génération de traitement de l’information. Un petit pas de plus, en somme, de l’interconnectivité entre les humains.

Grâce à la téléportation quantique, la fiction s’approche de la réalité, et Mr. Spock nous semble un peu plus humain. Cependant, par un curieux prolongement des choses, le mécanisme au coeur même de la téléportation quantique, l’enchevêtrement (ou si l’on préfère: l’intrication), pourrait bien à terme nous replonger en pleine fiction. C’est dans cette direction que paraît nous entraîner Dean Radin (2006)[33], qui, sous le couvert de recherches en expériences extra-sensorielles et en phénomènes psychiques, voudrait bien nous faire avancer d’un autre pas dans la connaissance de l’être humain, en nous prédisant l’enchevêtrement des cerveaux. L’idée est très intéressante a priori[34], mais nous rappelle déjà trop le mindmeld de Star Trek. Comme le suggèrent les quelques extraits suivants, ce qui est étonnant, c’est que dans la vision de Radin la théorie quantique trouve appui dans les phénomènes ‘psi’, alors qu’on se serait attendu à l’inverse, me semble-t-il:

Quantum theory and a vast body of supporting experiments tell us that something unaccounted for is connecting otherwise isolated objects. And this is precisely what psi experiences and experiments are telling us. The parallels are so striking that it suggest that psi is—literally—the human experience of quantum interconnectedness. (pp. 231-232, soulignés dans le texte)

Over the past century, most of the fundamental assumptions about the fabric of physical reality have been revised in the direction predicted by genuine psi….psi is the human experience of the entangled universe. (p. 235)

the mind/brain might be a self-observing quantum object, and as such, it resides within an entangled, nonlocal medium that just happens to be entirely compatible with the known characteristics of psi. (pp. 257-258)

J’ai cependant la conviction, comme sans doute plusieurs lecteurs de ce texte, que la téléportation psychique existe bel et bien, et j’émets l’hypothèse que la science finira par reconnaître qu’elle repose sur le même principe d’enchevêtrement qui fonde la téléportation quantique.

Je veux conclure cette section, en accord avec Durand cité plus haut, en posant comme simple évidence que la téléportation, et en particulier la téléportation quantique, n’est après tout qu’un autre moyen de communication, et plus précisément de télécommunication, certes très efficace et prometteur! J’insiste enfin encore une fois sur un dernier point: en téléportation quantique, ce n’est pas un élément matériel qui est téléporté, mais l’information qui sert à le reconstruire.

Mesurer émotions et conscience à distance

Un projet très ambitieux, communément appelé GCP, pour Global Consciousness Project[35], essaie d’évaluer, au moyen de méthodes statistiques, la possibilité de l’existence de liens particuliers entre le cerveau et la matière, et plus généralement de l’existence d’une conscience planétaire. Ce projet est un dérivé du programme de recherche du Princeton Engineering Anomalies Research (PEAR), fondé en 1979 par le physicien Robert G. Jahn[36], qui s’était intéressé pendant plus de vingt ans, jusqu’à sa fermeture en 2007, à des domaines scientifiquement controversés tels les champs de conscience, la psychokinésie, le contrôle à distance.[37] Pour sa part, le GCP voudrait prouver que l’esprit humain, et de manière plus générale la conscience humaine collective, peut influencer de façon indéniable la réalité du monde physique. Pour y parvenir, le GCP essaie de démontrer qu’il existe une corrélation forte entre des anomalies dans la génération des nombres aléatoires et les émotions collectives intenses vécues durant des événements mondiaux importants.

Des générateurs de nombres aléatoires (GNA[38]), situés dans 70 lieux de la Planète, de l’Alaska aux îles Fidji, dans toutes les zones peuplées et sous tous les fuseaux horaires, relaient, depuis août 1998, leurs données par Internet à un serveur central, situé à l’Université de Princeton aux États-Unis. L’analyse statistique de ces données aurait permis de reproduire à une large échelle des expériences de conscience partagée déjà menées en laboratoire (Jahn & al., 1997[39]) ou sur le terrain (Nelson & al., 1996[40], 1998[41]), voulant prouver que l’esprit humain peut influencer de manière non fortuite la réalité physique. En laboratoire, une personne essaie de modifier le comportement d’un GNA, pour l’amener à produire des résultats plus grands ou plus petits qu’escomptés, tout simplement en désirant ou souhaitant par la pensée ce changement. Les expériences semblent montrer que l’intention humaine peut provoquer des changements faibles mais statistiquement significatifs dans les résultats d’un GNA. Déplacé sur le terrain, on constate une influence similaire à l’occasion de moments spéciaux de forte conscience collective émanant d’une expérience partagée lors de rituels et de cérémonies, par exemple, ou inspirée par une musique enthousiasmante lors d’une rencontre intense d’échanges collectifs.

Le GCP est un réseau de stations réparties autour du monde où sont recueillies des données générées au hasard. Le GCP utilise les mêmes techniques que celles utilisées en laboratoire ou sur le terrain, et pose la question naturelle suivante, selon son directeur de projet (Nelson, 2009:6[42]): «Existe-t-il une structure non déterminée par le hasard dans les données recueillies au moment où se produisent de grands événements?» Et par implication: «On peut se demander si les GNA ont la capacité de saisir la preuve d’une conscience mondiale[43]».

Plusieurs comptes rendus dans des publications académiques, et de nombreuses notes techniques publiées sur le site Internet de GCP, rédigés par le directeur du projet, Roger Nelson, et ses collaborateurs, détaillant la méthodologie, les procédures expérimentales et les calculs statistiques venant appuyer les analyses effectuées et les conclusions tirées par ces recherches, je m’en tiendrai ici à l’essentiel. Sans vouloir m’éterniser avec le compte rendu de ce projet, je ne peux éviter de citer la plus sensationnaliste des vérifications expérimentales post hoc du GCP, réalisée à la suite des attentats tragiques du 11 septembre 2001 à New-York (Nelson, 2002[44], Nelson & al. 2002[45]; voir cependant Scargle, 2002[46]; May & Spottiswoode[47], pour un point de vue différent).

Comme chacun sait, pour l’avoir vu en direct ce matin du 11 septembre 2001, ou l’avoir revu en différé un très grand nombre de fois dans les documentaires télévisuels ou dans les archives d’Internet, ce jour-là, une série d’attaques terroristes détruisait les tours jumelles du World Trade Center (WTC), et endommageait sévèrement le Pentagone. Des avions commerciaux avaient été détournés et dirigés directement sur les trois édifices. Un premier avion s’est écrasé sur la tour Nord à 08h45, et environ 18 minutes plus tard un second avion a frappé la tour Sud. À environ 09h40, un troisième avion s’est écrasé sur le Pentagone. Un quatrième avion détourné s’est écrasé en Pennsylvanie, un écrasement apparemment dû au sacrifice héroïque des passagers. À environ 09h58, la tour Sud du WTC s’effondrait, suivie de la tour Nord à 10h28.

Grâce à la couverture complète en direct des réseaux de diffusion CNN, BBC, et bien d’autres médias internationaux, les êtres humains tout autour de la planète ont pu ressentir presqu’au même moment des émotions d’horreur, de choc, de peur, de consternation et de fascination, en visionnant en boucle les mêmes images, synchronisées aux bruits ambiants. Ce qui est fascinant pour les chercheurs du GCP, c’est que de manière à peu près correspondante, au cours de cette journée tragique, leur réseau mondial de dispositifs électroniques de GNA transmettait un schéma inhabituel de résultats, qui montraient des écarts substantiels non attribuables au hasard de plusieurs paramètres statistiques, là où on n’en aurait attendu normalement aucun. La tendance, qui aurait débuté au moment de l’attaque du WTC, se serait maximisée 51 heures plus tard, ce qui, selon les chercheurs est statistiquement peu vraisemblable, selon les analyses des échantillonnages itératifs précédents.

Les corrélations inattendues très fortes dans les analyses obtenues grâce au réseau mondial de GNA et cet “événement mondial” montrent la possibilité que les instruments ont véritablement pu capter l’intensité des réactions très vives que l’événement a suscitées, et seraient par ailleurs globalement une indication manifeste d’une conscience collective planétaire en cours de constitution. Corollairement, et, de façon étonnante, ce qui semble le plus important pour l’équipe quand on relit attentivement toutes leurs publications, c’est que ces fortes corrélations justifient le recours à la méthodologie des GNA pour mesurer les manifestations de cette dite conscience au cours de tels événements où un grand nombre de personnes tournent leur attention dans la même direction. L’instrumentalisation, ici, paraît primer sur les résultats.

La preuve physique définitive reste donc encore à faire, mais cela ne devrait pas nous empêcher entre-temps de croire en l’existence immatérielle d’une conscience collective planétaire, en accord, incidemment, avec la noösphère de Teilhard de Chardin. Pour être juste avec les chercheurs du GCP, je citerai ici la conclusion de Nelson, dans l’une de ses dernières synthèses de présentation des résultats du projet (2009:9)[48]

«We don’t yet know how to explain the correlations between events of importance to humans and the GCP data, but they are quite clear. They suggest something akin to the image held in almost all cultures of a unity or oneness, an interconnection that is fundamental to life. Our efforts to understand these complex data may contribute insight into the role of mind as a creative force in the world, able to manifest intentions and capable of conscious evolution. Perhaps it is possible to hurry the development of Teilhard de Chardin’s elegant vision for the future of man.»

Les sociopsychologues et historiens spécialistes du comportement, en particulier ceux déjà habitués avec les phénomènes d’empathie et de contagion émotionnelle, ne seront pas surpris devant les résultats obtenus par le GCP. Certains croient que ces deux derniers concepts ne devraient pas être confondus, alors que d’autres les utilisent l’un pour l’autre (Hatfield & al., 1994)[49] Selon Pacherie (2004:149)[50], le mot «empathie», qui traduit le concept allemand Einfühlung, forgé au début du 20e siècle pour caractériser une forme d’expérience esthétique dans laquelle le sujet se projette en imagination dans une oeuvre d’art, a été étendu par Theodore Lipps (1903)[51] au domaine des relations interpersonnelles. L’empathie désigne aujourd’hui la capacité que nous avons de nous mettre à la place d’autrui afin de comprendre ce qu’il éprouve, alors que la contagion émotionnelle désigne le phénomène de propagation d’une émotion d’un individu à d’autres. Hatfield & al.(1992:153-4)[52] définissent la contagion émotionnelle de la façon suivante: “la tendance à automatiquement mimer et synchroniser ses expressions, vocalisations, postures, mouvements avec ceux d’une autre personne, et conséquemment de converger émotionnellement”[53]. La contagion émotionnelle, bien connue de la psychologie des foules (“group mind” et “madness of crowds”: Le Bon, 1896)[54], dénote un caractère collectif que l’empathie ne possède pas nécessairement.

En ce qui concerne les événements du 11 septembre 2001 à New-York analysés plus haut par le GCP, et les réactions qu’ils ont suscitées, il s’agit bien d’un cas de contagion émotionnelle qui a touché toute la planète.

Nous ne devons pas être surpris de constater que les gens ont tendance à attraper les émotions des autres. Les ethnologues croient que l’imitation de l’expression émotionnelle constitue une forme phylogénétiquement ancienne et fondamentale de la communication à l’intérieur d’une espèce. La contagion émotionnelle existerait chez plusieurs espèces de vertébrés, selon Brothers (1989)[55]. Pour leur part, les psychologues du développement soutiennent que cette propriété apparaît très tôt chez l’enfant (Eisemberg & Strayer, 1987[56]; Zahn-Waxler & Radke-Yarrow, 1990[57]). Sullivan (1947)[58] a été l’un des premiers à décrire ce phénomène entre la mère et son enfant, montrant avec quelle facilité, et quelle rapidité, même les nouveaux-nés captaient les états émotionnels de leur protectrice; ce qui suggère une prédisposition biologique à ce développement. Les humains sont fortement motivés à établir des rapports avec les autres tout en conservant leur autonomie et leur indépendance. Une tâche développementale importante qui persiste durant toute la vie consiste à maintenir un équilibre et une intégration de ces deux ensembles de besoins.

La contagion émotionnelle peut aussi prendre la forme de contagion hystérique de masse (Le Bon, 1896). Tseng & Hsu (1980:77)[59] définissent ainsi l’hystérie de masse[60]: «un phénomène socioculturel et psychologique où un groupe de personnes, par contagion sociale, manifeste des désordres psychologiques durant une courte période de temps»[61]. Ce phénomène de contagion hystérique de masse a été observé dans toutes sortes de sociétés, sous diverses circonstances: en Malaisie (Teoh, Soewondo & Sidharta, 1975); en Afrique de l’Est (Ebrahim, 1968); en Nouvelle-Guinée (Reay, 1960); à Singapore (Chew, Phoon & Mae-Lim, 1976); etc[62].

Pour ceux qui croiraient que ce phénomène de contagion hystérique collective n’est réservé qu’aux pays du tiers-monde et aux tribus “primitives”, Hatfield & al. (1994:125-6; 108) nous rappellent les quatre jours de violentes émeutes de l’été 1863 à New-York (McCague, 1968)[63] , et de manière moins dramatique, cette mise en scène radiophonique légendaire du roman de science-fiction The War of the Worlds[64] de H. G. Wells (1898), écrite et interprétée par Orson Welles et la troupe du Mercury Theatre. Cette mise en scène, diffusée par le réseau CBS, le 30 octobre 1938, avait créé une véritable onde de panique aux États-Unis. On estime que cette émission aurait été suivie par 32 millions d’auditeurs. Des milliers de personnes ont téléphoné à leurs familles et à leurs amis pour les prévenir d’une attaque imminente des Martiens. Plusieurs s’étaient mis à genoux pour prier, d’autres avaient rassemblé leur famille, et s’étaient engagés sur la route sur de longues distances sans savoir exactement où ils allaient (Cantril, 1940).

Pour Hatfield et al. (1994), la contagion émotionnelle relève d’un comportement primitif, automatique, et inconscient. Ce processus prend place à travers une série d’étapes. Quand un récepteur interagit avec un émetteur, il perçoit les expressions émotionnelles de l’émetteur, qu’il va se mettre à imiter par automatisme. Par effet rétroactif, ces nouvelles expressions sont traduites dans la perception inconsciente d’émotions que l’émetteur ressent, conduisant ainsi à une convergence émotionnelle entre les deux. Une autre approche, émanant de la théorie de la comparaison sociale (Festinger, 1954)[65] , requiert une conscience et un effort cognitif plus grands dans le processus de la contagion émotionnelle. Selon cette approche, les individus s’engagent dans une comparaison sociale pour vérifier si leurs réactions émotionnelles sont conformes aux personnes qui les entourent. Dans ce cas, le destinataire utilise les émotions comme un type d’information sociale pour comprendre comment il devrait se sentir (Schoenewolf, 1990)[66].

Les gens réagissent différemment aux stimili sensoriels positifs et négatifs, mais les événements négatifs tendent à éliciter des réponses comportementales, cognitives et émotionnelles plus rapides et plus fortes que les événements neutres ou positifs. Ainsi, les émotions désagréables auront davantage tendance à générer des contagions d’humeur que les émotions agréables. Le niveau d’énergie avec lequel une émotion est produite est une autre variable dont il faut tenir compte: comme une énergie forte attire plus l’attention, il est prévisible qu’une émotion, agréable comme non agréable, exprimée avec une énergie plus forte conduira à une contagion plus forte qu’une émotion exprimée avec une énergie plus faible (Schoenewolf, 1990).

Il est indéniable, au plan historique, que l’avènement de l’ère des télécommunications et le développement rapide des réseaux de communication de masse au cours du dernier siècle (radio, télévision, presse écrite, Internet et ses réseaux sociaux) ont fortement contribué à faire passer le partage émotionnel d’individu à individu dans les réseaux restreints traditionnels, définis essentiellement par le contact physique et la proximité, à une dimension où la transmission des émotions entre individus et les phénomènes de contagion émotionnelle collective transcendent nos périmètres géographiques et temporels individuels.

Les outils de communication modernes possèdent une capacité encore plus grande que celle généralement reconnue, en ce qu’elles ont le potentiel non seulement de transmettre des informations à une vitesse toujours plus grande, mais aussi celui de propager à une très large échelle nos émotions, autant individuelles que collectives.

Il me semble par conséquent fondé d’envisager la contagion cognitive et la contagion émotionnelle comme agissant de pair dans le méta-système téléportatique envisagé globalement dans cet ouvrage.

Capter coïncidences et sensations

Nous avons tous fait l’expérience un jour ou l’autre de téléphoner à quelqu’un (p. ex. une relation, un membre de la famille, un proche, etc.) alors que celui-ci, ou celle-ci, était précisément en train de nous téléphoner. Ou encore, de savoir qui était à l’autre bout du téléphone avant même de décrocher (avec un appareil sans afficheur, évidemment!). Ou encore, sans raison apparente, de penser à quelqu’un, et que cette personne nous téléphone quelques instants plus tard. Il existe toutes sortes de variantes de cette expérience, que beaucoup de gens avouent avoir vécue. La même chose a pu nous arriver aussi avec les e-mails et les sms.

Personnellement, je peux me rappeler, à deux ou trois occasions, à l’époque du téléphone filaire à commutateur électromécanique, où j’ai décroché le téléphone, sans même que l’appareil n’ait émis de sonnerie, alors que l’interlocuteur que je désirais appeler, et qui avait lui aussi eu l’idée de me téléphoner, se trouvait déjà à l’autre bout du fil. Plusieurs personnes, à l’époque de cette technologie, ont rapporté le même genre d’expérience.

Il nous est probablement aussi arrivé à plusieurs, dans certaines occasions, alors que nous nous trouvions, par exemple, au volant d’une voiture, d’avoir la sensation d’être observé, de nous retourner, et effectivement de rencontrer le regard d’un observateur, dans cet exemple-ci, dans la voiture qui nous précède, ou dans celle qui attend en parallèle avec la nôtre sur un boulevard le passage au feu vert. On a pu aussi pour le plaisir facilement expérimenter l’inverse: fixer une personne dans une voiture en parallèle, et attendre que celle-ci se retourne vers soi. Rien ne nous autorise à croire a priori que nous pouvons détecter correctement à chaque fois un regard qui se fixe sur nous. Combien de fois cela a-t-il pu nous arriver sans que nous en ayons été conscients? Cela reste à vérifier.

Ce genre d’expériences, que nous attribuons volontiers à des coïncidences ou des faits anecdotiques, certains chercheurs en parapsychologie, tels Rupert Sheldrake, voudraient bien leur donner une confirmation scientifique. Et comme c’est fréquemment le cas dans ce domaine, la preuve scientifique passe par l’analyse probabiliste du phénomène supposé. Communément, dans cette approche, les sujets essaient de deviner des résultats ou d’influencer mentalement des générateurs de nombres aléatoires (GNA), et leur réussite ou leur échec est jugé par une comparaison statistique avec ce qui aurait été attendu par le seul effet du hasard. Les recherches du GCP dont j’ai parlé plus haut utilisent ce genre de méthode.

Ces coïncidences téléphoniques, que Sheldrake a étudiées et analysées statistiquement à plusieurs reprises, il préfère les appeler des cas apparents de télapathie téléphonique. Sheldrake (2000[67]; 2003[68]) et Brown & Sheldrake (2001)[69] rapportent que de nombreuses personnes ont dit avoir su qui les appelait quand le téléphone s’est mis à sonner, ou qu’elles ont pensé à une personne sans aucune raison apparente, et que cette personne a téléphoné peu après. Sheldrake & Smart (2003a[70]; 2003b[71]) ont conçu un protocole expérimental simple pour tester si des gens pouvaient réellement deviner qui appelle, dans des conditions où ils ne pouvaient le savoir par aucun moyen normal. Un participant reçoit un appel à un moment prédéfini de l’un de quatre appelants potentiels. Le participant connaît l’identité de ces quatre appelants. L’expérimentateur choisit l’appelant au hasard en roulant un dé, et dit alors à l’appelant qu’il a été choisi pour téléphoner à un moment précis dans le futur proche. Lorsque le téléphone sonne, le participant doit donner le nom de celui qui téléphone avant même de saisir le combiné. Par le hasard seulement, si la télépathie ne jouait aucun rôle, le niveau de réussite serait d’environ 1 sur 4, ou 25%. Or, sur un total de plus de 850 essais impliquant 65 participants, le niveau de réussite moyen a été de 42% (Sheldrake, 2003)[72]. Sheldrake & al. (2004)[73] ont mené une autre tentative expérimentale, dans un show télévisé, dans le but de reproduire le phénomène de télépatie téléphonique, cette fois avec les soeurs Nolan, un groupe pop féminin irlandais, populaire en Angleterre autour des années 1980, à qui on a fait subir le même genre de test que celui décrit précédemment. Les résultats obtenus avec les soeurs Nolan ont confirmé les recherches précédentes, et selon Sheldrake, appuient l’hypothèse de la téléphonie télépathique.

Sheldrake & Smart (2005)[74] et Sheldrake & Avraamides (2009)[75] ont voulu vérifier l’effet télépathique, mais cette fois avec le courrier électronique, en suivant une procédure semblable à celle du téléphone; ils ont obtenu, confirment-ils, des résultats similaires aux expériences de télépathie téléphonique. Prudemment, Sheldrake & Avraamides (2009) avouent qu’une illusion de télépathie peut apparaître si quelqu’un se rappelle qu’une personne lui a téléphoné ou envoyé un e-mail peu après qu’il a pensé à cette personne, mais a oublié toutes les fois où il a pensé à une personne qui ne l’a pas contacté. Une illusion de télépathie peut aussi se produire si une personne a une attente inconsciente que quelqu’un qu’il connaît bien est sur le point de lui téléphoner ou de lui adresser un e-mail, en se fondant sur une connaissance implicite du comportement de cette personne.

La reproduction de ces expériences, par Sheldrake et son équipe, éxécutées sous diverses conditions d’observation publique, peut sembler bien répétitive, et ne rien apporter de plus à la confirmation de ses hypothèses. Le but non avoué de cet exercice à répétition est bien entendu de satisfaire les exigences des sceptiques du monde scientifique, pour qui la parapsychologie est précisément non scientifique, autant par son manque de fondements théoriques que par ses faiblesses méthodologiques (Alcock, 2003[76]; Burns, 2003[77]) . À lire et relire les nombreuses publications de Sheldrake (et al.)[78] sur ce sujet, on note qu’il essaie de se prémunir des défauts de non-falsifiabilité (réfutabilité), de non-reproductibilité (corroboration), et de non-prédictibilité, critères généralement utilisés à la suite de Karl Popper pour distinguer la science de la pseudo-science. Cette attitude, qui peut paraître inhabituelle, n’étonne pas quand on connaît les débats soutenus inconciliables[79] entre sceptiques et parapyschologues (“métapsychistes”), qui ont fini par pendre l’allure d’un dialogue de sourds. Pour Stevenson (1999)[80], par exemple, la falsifiabilité, la reproductibilité et la prédictibilité ne sont pas des critères essentiels pour définir la science. Jahn & Dunne (1997)[81] vont même jusqu’à définir une science “néo-subjective” fondée sur la rigueur logique et le dialogue empirique et théorique pour contrer, écrivent-ils, la «stérilisation excessive de la science dominante».

Que leurs résultats n’adhèrent pas à une théorie dominante peut être indicatif, selon les parapsychologues, de l’émergence d’un nouveau paradigme scientifique. C’est là tout le problème de la façon de traiter les anomalies, souligne Mousseau (2003)[82]. Elles peuvent être la source d’une nouvelle découverte, ou au contraire, alimenter la pseudo-science. Il est souvent impossible de prédire le futur d’une anomalie. L’histoire des sciences contient des cas de résultats aberrants inconsistants avec la théorie dominante d’une époque, qui se sont révélés des découvertes majeures. Les chercheurs en phénomènes paranormaux utilisent ce genre d’arguments pour se défendre des attaques des scientifiques sceptiques qui critiquent leurs faiblesses théoriques et leur manque de résultats pratiques. Bien que plusieurs sceptiques ne prennent même pas la peine d’examiner avec soin les études en parapsychologie, certains affirment qu’on n’a vu aucun progrès dans ce domaine depuis un siècle (Alcock, 1991)[83], ce qui est contredit sans complaisance par l’un des intéressés (Tart, 2002)[84]. La controverse entre les deux groupes touche plus généralement au champs d’étude même de la parapsychologie, qui, pour les sceptiques, est non ou mal défini, non prouvé, et doit donc constamment être remis en question. On a par ailleurs parfois qualifié la parapsychologie de frauduleuse, fraude en provenance des sujets étudiés (Hansen, 1990)[85], ou fraude des expérimentateurs eux-mêmes (Hansel, 1966)[86]. Enfin, loin d’épuiser toute la controverse, un dernier critère, externe, parfois évoqué par les sceptiques: si la discipline n’est pas enseignée à l’université et qu’elle n’a pas de publications à comité de lecture, alors il s’agit d’une pseudo-science.

Mais sortons de ce débat et questionnons, pour l’intérêt, les choses autrement. Existe-t-il un autre monde au-délà de nos sens? Est-il possible de communiquer avec les autres sans avoir recours à notre appareil complexe sensori-perceptuel, phonatoire-acoustique, qui a évolué au cours de centaines de millions d’années? Pour beaucoup d’entre nous, la simple expérience personnelle suggère que la réponse à cette dernière question est “oui”. Qu’en savons-nous réellement? La télépathie ne peut-elle avoir existé depuis aussi longtemps que l’éveil même de la conscience chez les premiers hominidés? Et pourquoi pas, avant même toute forme de langage naturel articulé? Est-ce que le fait que la science ou la parapsychologie n’aient pas encore prouvé hors de tout doute l’existence de la télépathie invalide cette possibilité? La télépathie ne serait-elle pas le produit du fonctionnement normal mais encore mal compris de notre cerveau? La parapsychologie offre l’avantage de proposer un programme de recherche scientifique (un paradigme), même s’il est imparfait, à la résolution de cette question. Quant à la science, il faudra attendre, semble-t-il, encore quelque temps, pour en recevoir la validation.

 

Scopesthesia

Il existe une croyance populaire largement répandue qui voudrait que les gens sont capables de sentir qu’ils sont observés par une personne se situant en dehors de leur champ visuel. Carpenter (2005)[87] a proposé le néologisme scopesthesia pour désigner ce phénomène. Beaucoup de personnes ont fait l’expérience de tourner la tête vers l’arrière avec la sensation que quelqu’un derrière eux était en train de les regarder, et qu’en effet c’était le cas. Beaucoup de gens ont aussi fait l’expérience inverse: ils peuvent inciter une personne à se retourner en la regardant fixément. Dans des sondages effectués en Europe et en Amérique du Nord, de 70% à 97% des gens questionnés ont répondu avoir déjà connu des expériences de ce genre (Braud & al., 1990[88]; Sheldrake, 1994[89]; 2005a[90]). Cette croyance serait partagée par toutes les cultures (Radin, 1977)[91]. Certains parapsychologues soutiennent qu’il pourrait s’agir d’une forme d’influence mentale à distance. Et comme on doit s’y attendre, les sceptiques et les psychologues scientifiques critiquent farouchement cette hypothèse. La première publication académique, à ma connaissance, sur la “sensation d’être observé” (Titchener, 1898)[92], propose une explication phylogénétique à ce phénomène: l’attention constante que nous avons dû développer au cours de l’évolution pour protèger notre arrière quand nos ancêtres ont adopté la station debout. Selon Sheldrake (2003)[93], cette capacité de ressentir à distance existerait aussi dans le monde animal. Des propriétaires d’animaux de compagnie affirment pouvoir réveiller leur chat ou leur chien endormi, en fixant leur regard sur l’animal. Des chasseurs seraient convaincus que des animaux peuvent détecter leur regard même s’ils sont cachés ou lorsqu’ils observent l’animal à traves des lentilles télescopiques. À l’inverse, des chasseurs ont dit avoir ressenti être observés par des animaux.

Cette croyance à la scopesthésie présente un intérêt certain pour la psychologie en général et pour la psychologie développementale en particulier, pour au moins trois raisons (Cottrell & al., 1996:50)[94]. D’abord, elle semble extrêmement répandue, puissante, et fondamentalement intuitive, en contraste aux croyances présumément fondées sur les acquis cognitifs; ce qui soulève le problème de la relation entre cognition et intuition. Dans ce contexte, l’intuition implique des réactions spontanées qui ne sont pas fermement appuyées par la logique ou l’analyse et qui semblent apparemment fondées sur les émotions.

Ensuite, cette croyance à la scopesthésie soulève des questions pour les théories du cerveau et de la cognition, en ce qui touche en particulier le système d’inférences qui nous permet d’imputer des processus cognitifs et perceptuels, et des états mentaux, soit à nous-mêmes, soit à d’autres (Premack & Woodruff, 1978)[95]. Enfin, cette croyance nous rappelle plusieurs superstitutions sur le rôle de la vision et de l’oeil, et elle semble aussi entretenir de frappantes similarités avec les théories formelles de la vision. Sur ce dernier point, Rupert Sheldrake (2005b)[96], qui a mené un grand nombre d’investigations[97] sur cette sensation d’être observé à distance[98], offre un point de vue intéressant, non exempt de critiques cependant[99].

Si la scopesthésie existe réellement, ce que Sheldrake prend pour acquis et qu’il s’acharne à démontrer par ses nombreuses investigations sur le sujet[100], il doit bien y avoir une explication. La sensation d’être observé implique que le fait de regarder une personne peut affecter cette personne à distance. Cette influence se manifeste de l’observateur vers la personne observée. La scopesthésie ne semble pas trouver de fondement dans les théories qui situent la totalité de l’activité perceptuelle à l’intérieur de la tête. Elle semble par ailleurs davantage compatible avec les théories combinées de l’intromission et de l’extramission, qui acceptent l’idée que la vision joue un double rôle, c’est-à-dire à la fois actif et passif. L’hypothèse de Sheldrake sur la scopesthésie repose sur le postulat de l’existence de champs perceptuels qui mettent en relation l’observateur à la personne observée. Ces champs perceptuels ne sont pas confinés au cerveau, où ils trouvent leur assise, mais exercent leur influence bien au-delà du cerveau dans le monde extérieur, et sont étroitement reliés aux actions et activités corporelles. La seule façon d’expliquer, si on y croit, la scopesthésie, soutient Sheldrake, est de postuler un effet mental non local où l’attention portée à la représentation d’une autre personne dans son propre cerveau influence à distance cette personne par un mécanisme, encore inconnu, mais qui s’apparente à une forme de télépathie, à effet quantique. L’hypothèse des champs perceptuels de Sheldrake implique un système de projections perceptuelles qui permettent des interactions d’un individu à un autre. Nous sommes habitués, argumente-t-il, à l’idée de champs se projetant au-delà de leurs corps matériels et se propageant sur d’autres surfaces, comme dans le cas de champs magnétiques autour des aimants, le champ gravitationnel autour de la terre, ou les champs électromagnétiques émis par nos téléphones mobiles. Ces phénomènes ont tous été scientifiquement démontrés. De la même façon, nos esprits se propagent au-delà de nos cerveaux à travers de tels champs. Les champs perceptuels font partie d’un groupe plus étendu de champs biologiques impliqués dans l’organisation du développement des organismes et dans l’activité du système nerveux. En biologie dévelopementale, le concept des champs morphogénétiques est largement reconnu, même si leur existence n’est pas encore totalement expliquée par la physique. À leur tour, les champs morphogénétiques font partie d’une classe plus large de champs, appelés champs morphiques, qui incluent les champs comportementaux et les champs sociaux (Sheldrake, 1988[101]). Les champs comportementaux sont responsables de l’organisation du comportement animal par la structuration de l’activité chaotique et indéterminée des systèmes nerveux. Les champs sociaux coordonnent les activités des groupes sociaux, tels les volées d’oiseaux ou les bancs de poissons, qui les empêchent de se frapper les uns et les autres et qui leur permettent de réagir rapidement comme une seule entité unifiée (Sheldrake, 2003)[102]. Suivant ce modèle, il est dans la nature des champs morphiques de se lier ensemble et de coordonner des modèles d’activité dans un groupe étendu. Ces champs sont de plus influencés par une résonance à travers le temps et l’espace à partir de systèmes similaires qui les ont précédés, par un processus appelé résonance morphique. Ces champs sont eux-mêmes des champs de probabilité, et ils influencent les processus de probabilité; en ce sens, ils ressemblent aux champs de la théorie quantique. L’hypothèse des champs morphiques a été développée à partir de recherches en biologie moléculaire et en biologie développementale. Mais les champs morphiques ont des propriétés qui sont également pertinentes à trois aspects de la relation esprit-cerveau. D’abord, par leur nature ils peuvent connecter ensemble des schémas d’activité dans différentes régions du cerveau, et résoudre ainsi le problème de co-indexation («binding problem»). Ensuite, ils contiennent des attracteurs, qui organisent et donnent une signification au système entier, ce qui permet d’expliquer l’intentionalité de perception. Enfin, ils relient en un seul système le sujet et l’objet, l’observateur et l’observé, et se propagent au-delà de notre cerveau pour inclure ou envelopper l’objet de la perception. Pour comprendre pleinement la sensation d’être observé, il faut ajouter, précise Sheldrake (2005b:44)[103], un postulat additionnel, notamment que ces champs perceptuels ont la propriété d’interagir avec les champs de la personne sur qui l’attention est portée. Par hypothèse, chaque individu possèdant son propre champ morphique, il lui est possible d’interagir avec le champ morphique d’une autre personne. La physique connaît déjà plusieurs exemples d’interaction champ-champ, tels que les champs gravitationnels, magnétiques, électriques, électromagnétiques, et enfin les champs de matière quantique.

L’un des aspects fondamentaux de la téléportation quantique est le principe d’enchevêtrement. On a pu démontrer que lorsque des paires de particules sont produites à partir d’une source commune, des photons par exemple, chaque membre de la paire peut montrer des corrélations de comportement avec l’autre membre de la paire, sur des distances qui sont inexplicables par la physique traditionnelle.

Rupert Sheldrake est peut-être le seul à adhérer à sa théorie spéculative de résonance morphique; cependant, ils sont de plus en plus nombreux les scientifiques bien établis dans leur discipline à se “recycler” dans le parapsychologique ou le parapsychique (p. exs. Jahn & Dunne, 1986[104]; Clarke, 2004[105]; Radin, 2004[106]; Hu & Wu, 2006[107]), et à voir dans les principes de base de la physique quantique (tels l’enchevêtrement et la non-localité) une avenue explicative prometteuse dans la compréhension de la relation entre l’esprit, le cerveau, et la conscience humaine. Plus précisément, l’hypothèse de la conscience quantique propose que la mécanique classique (la physique newtonienne) ne peut pas expliquer notre expérience subjective de la conscience humaine. Elle suggère que certains phénomènes de la mécanique quantique, tels que l’enchevêtrement, la non-localité, l’incertitude, et la superposition, peuvent jouer un rôle important dans les fonctions du cerveau, et peuvent en outre former la base physique d’une explication de la conscience (Whalen & Fleisch, 2012)[108].

Dean Radin, en particulier, un diplômé en génie électrique et en psychologie, et sans doute le plus médiatisé de tous les parapsychologues convaincus avec Rupert Sheldrake, prédit (Radin, 2004; 2006[109]) que des chercheurs découvriront bientôt que sous certaines conditions des cellules vivantes montrent aussi des propriétés associées avec l’enchevêtrement quantique. Ce sera l’émergence du bioenchevêtrement, un concept beaucoup plus général que les cas actuels d’enchevêtrement impliquant des photons et des particules inanimées. Son scénario entrevoit que cette technique permettra bientôt d’enchevêtrer des cerveaux, qui manifesteront des comportements corrélés à distance. Mais les choses ne s’arrêteront pas là, puisque sa prédiction veut aussi que les champs mentaux deviendront bioenchevêtrés avec le reste de l’Univers. Les premières prédictions de Radin semblent sur le point de se réaliser, si l’on en croit l’étude récente d’une équipe de scientifiques de la Charles R. Drew University of Medecine and Science (Los Angeles) et de la Geffen School of Medecine (UCLA) (Chaban & al., 2013)[110]. Ces chercheurs ont identifié un mode de communication entre cellules nerveuses sans contact physique ou biologique, à travers des barrières physiques, qui prend l’allure d’un mode de communication télépathique entre cellules. Jusqu’ici, les seuls modes de communication cellulaire connus étaient la communication par le contact direct, ou par stimulation des récepteurs des cellules des molécules, appelées ligands, ou des hormones, des nerfs, ou autres voies de signalisation. L’équipe montre comment des cellules nerveuses normales, isolées dans une enceinte fermée, se comportent durant le traitement du signal calcique. L’équipe a découvert que lorsque ces cellules nerveuses isolées sont entourées par d’autres cellules nerveuses normales à l’extérieur de la barrière, elles conservent les mêmes propriétés de signalisation du calcium. Mais si ces cellules nerveuses normales isolées sont encerclées par des cellules cancéreuses ou mourantes, elles traitent alors différemment les signaux calciques, suggérant l’existence d’une communication à partir des cellules environnantes. La barrière physique entre les cellules empêche pourtant tout mode de communication habituel[111].

Conscience et Monde physique: Franchir le fossé explicatif

L’une des questions fondamentales en philosophie concerne la relation entre le corps et l’esprit, et plus spécifiquement, la relation du corps au cerveau. Cette question est connue sous l’expression problème corps-esprit, c’est-à-dire le problème de la détermination des relations entre le corps humain et l’esprit. Cette problématique qui remonte certainement à la philosophie classique (Platon, Phédon, ~ 383 av. J.-C.) a été remise de l’avant par René Descartes dans ses Méditations sur la première philosophie[112]. Devant ce problème, Descartes adopte une vision dualiste selon laquelle le corps et l’esprit sont deux entités relevant de mondes fondamentalement différents: alors que le corps est une entité matérielle existant dans l’espace, l’esprit est une substance immatérielle qui manque totalement d’extension spatiale. En opposition aux dualistes, les matérialistes soutiennent que tout ce qui existe est fait de matière. Le point de vue des matérialistes a été repris, au 20e siècle, par la philosophie physicaliste qui soutient à son tour que toutes les choses qui existent – les choses elles-mêmes et leurs propriétés – doivent être fondamentalement physiques.

Les problématiques de la philosophie de l’esprit interpellent les problèmes reliés à la conscience humaine. À ce sujet, David Chalmers (1996)[113] est bien connu pour avoir formulé le problème difficile de la conscience[114], qui désigne le problème de rendre compte des qualia[115], c’est-à-dire le problème de l’explication du fait que nous avons des expériences phénoménales qualitatives.

Notre saisie de ce qu’il en est de subir des états phénoménaux nous est donnée par l’introspection. Force est d’admettre que nous n’avons pas une compréhension parfaite de ce qui se passe objectivement dans notre cerveau et notre corps. Il existe, semble-t-il, un gouffre énorme entre les deux. Il est très difficile de voir comment ce gouffre dans notre compréhension peut être franchi. Peu importe jusqu’à quel point nous sondons la structure physique de nos neurones et les transactions chimiques qui sont déclenchées quand ils sont excités, et peu importe le niveau d’information objective que nous finissons par acquérir, nous semblons demeurer encore avec quelque chose que nous ne pouvons expliquer, notamment, comment et pourquoi tel et tel changement physique objectif, quel qu’il soit, engendre telle et telle impression subjective, ou une quelconque sensation subjective. C’est le célèbre fossé explicatif[116] (“explanatory gap”) de Levine (1983[117]; 2000[118]). Confrontés avec cette lacune explicative apparente entre les processus physiques et la conscience, les philosophes ont réagi de différentes façons. Certains disent que ce fossé explicatif est infranchissable et que la conclusion à tirer de cette situation est qu’il existe un fossé similaire dans l’univers. D’autres prennent la même position en insistant sur le fait que ce fossé ne doit pas nous détourner d’un point de vue purement physique de nos expériences et de nos sensations. Ce que cela nous montre plutôt c’est que certaines qualités ou états physiques sont des entités irréductiblement subjectives, selon Searle (1992)[119]. Les expériences et les sensations ont des qualités irréductiblement non physiques, soutient Chalmers (1996[120]; 2006[121]). D’autres encore maintiennent que ce fossé explicatif pourra un jour être franchi, mais qu’il nous manque toujours les concepts pour relier ensemble ces perspectives subjectives et objectives. Dans cette optique, il peut s’avérer que les qualia sont physiques, mais nous n’avons pas encore une conception claire de comment elles pourraient l’être

(Nagel 1974)[122]. Selon Nagel (1998)[123], nous ne possédons pas en ce moment l’appareil conceptuel nécessaire pour seulement commencer à comprendre comment le physicalisme pourrait être vrai. Pour arriver à comprendre le problème difficile de la conscience, le physicalisme devrait entrependre une révision radicale de l’ensemble de son appareil conceptuel, une révolution conceptuelle tellement radicale qu’il n’est pas même possible de commencer à concevoir ce que pourraient être les concepts résultants. Une vision pessimiste partagée par McGinn (1989[124]; 1991[125]), qui soutient qu’avec les concepts que nous avons et ceux que nous sommes capables de former, nous sommes cognitivement loin d’une explication complète et explicative de ce fossé par la nature même de nos cerveaux. D’autres insistent catégoriquement pour dire que le fossé explicatif est, en principe, franchissable, mais non par nous ni par aucune créature nous ressemblant (Tye, 2009).

Or, précisément, Clarke (2004) croit apporter un ingrédient supplémentaire (“extra ingredient“, Chalmers, 1995:207)[126] à une explication possible au problème difficile de la conscience, en soutenant que l’enchevêtrement quantique est un aspect essentiel de notre conscience perceptuelle. La conscience elle-même surgirait d’une certaine manière de systèmes enchevêtrés. Si les aspects qualitatifs de la perception (les qualia) sont produits par un enchevêtrement quantique entre des états du cerveau et des états des objets perçus, par conséquent, les supports du siège de la conscience ne se trouvent pas uniquement dans le cerveau, mais dans la totalité de l’espace perceptuel (Clarke, 2002:177)[127]. Cette approche quantique pourrait permettre de résoudre d’une manière inattendue l’énigme, le fossé explicatif de la conscience perceptuelle en épistémologie et philosophie des sciences (Levine, op. cit.), et en psychologie cognitive (Baars, 1988)[128].

Il existe de nombreuses théories explicatives de la conscience s’inspirant de la physique quantique. Certaines sont spéculatives et ne font référence aux formidables propriétés quantiques que de manière méthaphorique. Ce sont celles généralement promues par la parapsychologie (p. ex. Clarke; Jahn; Radin; Sheldrake; voir aussi Walker, 1974[129]; etc.). D’autres, cependant, soutenues par la physique et la neurobiologie, utilisent la théorie quantique pour modéliser concrètement des mécanismes physiologiques et psychologiques associés à la conscience (p. ex. Beck & Eccles, 1992[130]; Hameroff & Penrose, 1996[131]; Stapp, 1993[132]; etc.; pour un aperçu plus général, voir Atmanspacher, 2011[133]).

Ils sont nombreux les chercheurs, de toute allégeance académique ou para-académique, à vouloir expliquer les problèmes, sans doute purement métaphysiques, que posent les relations entre le corps et l’esprit, entre le cerveau et la matière, entre la conscience et l’inconscient, entre les sensations et les émotions partagées. À terme, le problème difficile de la conscience risque de demeurer une question philosophique non résolue, pour encore longtemps.

Les liens difficilement saisissables qui existent entre le corps, l’esprit et le cerveau humain, les problématiques de la conscience et ses diverses manifestations, la (para-)psychologie de nos sensations et de nos émotions, sont des sujets qui ne trouvent pas habituellement leur place dans un ouvrage sur la communication humaine. Cependant, j’ai estimé que leur examen, même superficiel, valait le détour dans l’optique où l’extrême densité et la forte proximité, à tout le moins virtuelle, qu’ont prises nos relations inter-individuelles grâce à la phénoménale connectivité dont nous jouissons actuellement, confortent l’idée maintes fois avancée par plusieurs de l’existence d’un cerveau planétaire.

Dans ce contexte, il me semblait justifié que soit explorée d’abord, sur un plan individuel, la difficile question du mode de communication que nous entretenons avec nos divers niveaux de conscience enchevêtrés, avant d’essayer maintenant d’envisager la question non moins difficile, et certes très spéculative de la communication entre plusieurs cerveaux non reliés physiquement. C’est ce que je m’efforcerai d’établir aux chapitres suivants.

[1] http://en.wikipedia.org/wiki/Robert_L._Forward

[2] Davis, E. W. 2004.   Teleportation Physics Study. Special Technical Report, Air Force Research Laboratory (AFRL)/Space and Missile Propulsion Division, Propellant Branch (PRSP), Edwards AFB, CA.

[3] Sont exclus ici les contrôles à distance Homme-Machine par des moyens psychiques.

[4] Mitchell, E. D. 1974. Psychic Exploration: A Challenge for Science. New York: Putnam’s.

[5] Targ, R. & H. E. Puthoff. 1977.   Mind-Reach: Scientists Look at Psychic Ability. London: Anchor Press.

[6] Nash, C. B. 1978. Science of PSI: ESP and PK. Springfield, Ill.: C. C. Thomas Publ.

[7] Targ, R. 1996. Remote Viewing at Stanford Research Institute in the 1970s: A Memoir. Journal of Scientific Exploration, 10,1:77-88.

[8] Radin, D. 1997. The Conscious Universe: The Scientific Truth of Psychic Phenomena. New York: HarperCollins Publ.

[9] Tart, C. T., H. E. Puthoff & R. Tart (eds.). 2002. Mind at Large: Institute of Electrical and Electronics Engineers Symposia on the Nature of Extrasensory Perception. Charlottesville, VA.: Hampton Roads Publ. Co.

[10] Lightman, A. & O. Gingerich. 1992. When do anomalies begin? Science, 255,5045:690-695.

[11] Durand, S. 1998.   Téléportation: c’est parti! Québec Science, octobre.

[12] http://www.crm.umontreal.ca/~durand/teleportation.html .

[13] Bennett, Ch. H., G. Brassard, C. Crépeau, R. Jozsa, A. Peres & W. K. Wootters. 1993.   Teleporting an Unknown Quantum State via Dual Classical and Einstein-Podolsky-Rosen Channels. Physical Review Letters, 70:1895-99.

[14] Particule élémentaire, de masse et de charge nulle, le photon est l’aspect corpusculaire de la lumière. (cnrs.fr)

[15] On utilise aussi le terme “intrication” dans les textes scientifiques en français. C’est d’ailleurs le physicien français Alain Aspect qui, au début des années 1980, réalise la première expérience réfutant les inégalités de Bell dans le cadre de la physique quantique, validant ainsi le phénomène de l’intrication quantique, et apportant une réponse expérimentale au paradoxe EPR, proposé une cinquantaine d’années plus tôt par Einstein, Podolsky et Rosen (EPR). Cf.: “L’étrange expérience de la non-séparabilité”, Science & Vie (1981), 766:14.

[16] C’est Erwin Schrödinger qui a mis en rapport la première fois ce concept («Verschränkung») avec le formalisme quantique: Schrödinger, E. 1935. Die gegenwärtige Situation in der Quantenmechanik. Die Naturwissenschaften 23:807-812, 823-828, 844-849; 1935.   Discussion of Probability Relations Between Separated Systems. Proceedings of the Cambridge Philosophical Society, 31,4:555-662; 1936. Probability Relations Between Separated Systems. Proceedings of the Cambridge Philosophical Society, 32,3:446-452.

[17] Heisenberg, W. 1927.   Ueber den anschaulichen Inhalt der quantentheoretischen Kinematik and Mechanik. Zeitschrift für Physik, 43:172-198. Traduction anglaise dans Wheeler, J. A. & W. H. Zurek (eds.).   1983. Quantum Theory and Measurement. Princeton (NJ): Princeton University Press, pp. 62-84.

[18] Voir notamment: Vaidman, L. 1994.   Teleportation of quantum states. Physical Review A, 49: 1473-1476; Kwiat, P. G., K. Mattle, H. Weinfurter, A. Zeilinger, A. V. Sergienko & Y. Shih. 1995.   New high-intensity source of polarization-entangled photon pairs. Physical Review Letters, 75,24:4337-4341; Braunstein, S. L. & H. J. Kimble. 1998. Teleportation of continuous quantum variables. Physical Review Letters, 80,4:869-872; Vaidman, L. & N. Yoran. 1999. Methods for reliable transportation. Physical Review A., 59,1:116-125 ; Kwiat, P. G., E. Waks, A. G. White, I. Appelbaum & P. H. Eberhard. 1999.   Ultrabright source of polarization-entangled photons. Physical Review A., 60,2:R773-R776; Bouwmeester, D. et al. 1997. Experimental quantum teleportation. Nature 390: 575-579; Zeilinger, A. 2000. Quantum Teleportation. Scientific American, 282,4:50-59; Ma, X. et al. 2002.   Experimental quantum teleportation over a high-loss free-space channel. Optics Express, 20,21:23126-23137. Voir aussi les Archives de la Cornell University Library: https://arxiv.org/find/all/1/all:+teleportation .

[19] Kimble, H. J. 2008. The quantum internet. Nature 453,7198:1023–1030.

[20] Ladd, T. D. et al.   2010. Quantum computers. Nature, 464,7285:45-53.

[21] Bennett, C. H., G. Brassard & A. K. Ekert. 1992. Quantum Cryptography. Scientific American, 267,44:50–57.

[22] Marcikic, I. et al. 2003. Long-distance teleportation of qubits at telecommunication wavelengths. Nature, 421,6922:509-513.

[23] Ursin, R. et al. 2004. Quantum teleportation across the Danube. Nature 430,7002:849.

[24] Jin, X.-M. et al. 2010. Experimental free-space quantum teleportation. Nature Photonics, 4,6:376-381.

[25] Yin, J. et al. 2012. Teleporting independent qubits through a 97 km free-space channel. http://arxiv.org/abs/1205.2024

[26] Ma, X. et al. 2012. Quantum teleportation using active feed-forward between two Canary Islands. Nature, 489,7415:269-273.

[27] Nature 549:43-47 (07 sept. 2017): http://www.nature.com/nature/journal/v549/n7670

[28] Science 356,6343:1140-1144: http://science.sciencemag.org/content/356/6343/1140 .

[29] Aspelmeyer, M. et al. 2003. Long-distance quantum communication with entangled photons using sattelites. IEEE Journal of Selected Topics in Quantum Electronics, 9,6:1541-1551.

[30] Nielsen, M. & I. Chuang. 2000.   Quantum Computation and Quantum Information. Cambridge Univ. Press;

[31] Gisin, N. & R. Thew. 2007. Quantum Communication. Nature Photonics, 1,3:165-171.

[32] Voir à cet effet, parmi beaucoup d’autres, les sites suivants: Quantum Computation Roadmap (http://qist.lanl.gov/qcomp_map.shtml); SCALA Integrated Project (http://scala-ip.org/public/index.php); Qubit Applications (http://www.qubitapplications.com), et le Joint Quantum Institute (http://jqi.umd.edu/).

[33]Radin, D.   2006. Entangled Minds: Extrasensory Experiences in a Quantum Reality. New York: Paraview Pocket Books.

[34] Comme ses ouvrages ont été largement publiés dans plusieurs langues, Radin a recueilli de nombreux appuis dans le monde entier auprès d’amateurs de phénomènes ‘psi’, mais, sans surprise, aucun venant de physicien en mécanique quantique. Il a par ailleurs reçu de très sévères critiques négatives de la part de scientifiques sceptiques; voir p. ex.: R. T. Carroll, http://www.skepdic.com/refuge/entangledreview.html .

[35] http://noosphere.princeton.edu/index.html

[36] http://en.wikipedia.org/wiki/Princeton_Engineering_Anomalies_Research_Lab – cite_ref-pmid16822164_5-1

[37] Voir entre autres: Jahn, R. G. 1986. On the Quantum Mechanics of Consciousness, with Application to Anomalous Phenomena. Foundations of Physics, 16,8:721-772; Jahn, R. G. & B. J. Dunne.   2005. The PEAR proposition. Journal of Scientific Exploration, 19,2:195-245.

[38] «RNG: Random Number Generator».

[39] Jahn, R. G., Dunne, B. J., Nelson, R.D., Dobyns, Y. H. & G. J. Bradish.   1997. Correlations of random binary sequences with pre-stated operator intention: a review of 12-year program. Journal of Scientific Exploration, 11:345-367.

[40] Nelson, R. D., Bradish, G. J., Dobyns, Y. H., Dunne, B. J. & R. G. Jahn.   1996. FieldREG anomalies in group situations. Journal of Scientific Exploration, 10:111-141.

[41] Nelson, R. D., Jahn, R.G., Dunne, B. J., Dobyns, Y. H. & G. J. Bradish.   1998. FieldREG II: conciousness field effects: replications and explorations. Journal of Scientific Exploration, 12:425-454.

[42] Nelson, R. D. 2009.   Is the Global Mind real? Edgescience, 1:6-9.

[43] «global consciousness» dans le texte.

[44] Nelson, R. D. 2002. Coherent Consciousness and Reduced Randomness: Correlations on September 11, 2001. Journal of Scientific Exploration, 16,4:549-570.

[45] Nelson, R. D., D. I. Radin, R. Shoup & P. A. Bancel. 2002. Correlations of continuous random data with major world events. Foundations of Physics Letters, 15,6:537-550.

[46] Scargle, J. D. 2002. Was There Evidence of Global Consciousness on September 11, 2001? Journal of Scientific Exploration, 16,4:571-577.

[47] May, E. C. & J. P. Spottiswoode. (s.d.,s.l.). Global Consciousness Project: An independent analysis of the 11 September 2001 Events. http://noosphere.princeton.edu/papers/Sep1101.pdf .

[48] Op. cit.: Nelson, R. D. 2009. Is the Global Mind real? Edgescience, 1:6-9.

[49] Hatfield, E., J. T. Cacioppo & R. L. Rapson. 1994.   Emotional Contagion. Studies in Emotion & Social Interaction. Cambridge University Press & Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme.

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[52] Hatfield, E., J. T. Cacioppo & R. L. Rapson. 1992. Primitive Emotional Contagion. In: Clark, M. S. (ed.), 151-177, Review of Personality and Social Psychology: Vol. 14. Emotions and Social Behavior. London: Sage.

[53] Ma traduction.

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[60] Rapporté par Hatfield & al. (1994:106), op. cit.

[61] Ma traduction.

[62] Hatfield & al. (1994:106-107), op. cit.

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[68] Sheldrake, R.   2003. The Sense of Being Stared at, and Other Aspects of the Extended Mind. London: Hutchinson.

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[70] Sheldrake, R. & P. Smart. 2003a.   Videotaped eperiments on telephone telepathy. Journal of Parapsychology, 67,1:187-206.

[71] Sheldrake, R. & P. Smart. 2003b.   Experimental tests for telephone telepathy. Journal of the Society for Physical Research, 67:184-199.

[72] Op. cit.

[73] Sheldrake, R., Godwin, H. & S. Rockell. 2004. A filmed experiment on telephone telepathy with the Nolan Sisters. Journal of the Society for Physical Research, 68:168-172.

[74] Sheldrake, R. & P. Smart. 2005.   Testing for Telepathy with Connections with E-mails. Perceptual and Motor Skills, 101:771-786.

[75] Sheldrake, R. & L. Avraamides.   2009. An Automated Test for Telepathy in Connection with Emails. Journal of Scientific Exploration, 23,1:29–36.

[76] Alcock, J. E.   2003. Give the Null Hypothesis a Chance. Reasons to Remain Doubtful about the Existence of Psi. In Alcock, J., J. Burns & A. Freeman (eds.), Psi Wars: Getting to Grips with Paranormal. Special Double Issue of Journal of Consciousness Studies, 10,6-7:29-50.

[77] Burns, J. E. 2003.   What is Beyond the Edge of the Known World. In Alcock, J., J. Burns & A. Freeman (eds.), Psi Wars: Getting to Grips with Paranormal. Special Double Issue of Journal of Consciousness Studies, 10,6-7:7-28.

[78] https://www.sheldrake.org/research

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[89] Sheldrake, R.   1994. Seven Experiments that Could Change the World. London: Fourth Estate.

[90] Sheldrake, R.   2005a. The Sense of Being Stared At. Part I: Is it Real or Illusory? Journal of Consciousness Study, 12,6:10-31.

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[95] Premack, D. & B. Woodruff. 1978.   Does the chimpanzee have a “theory of mind”? Behavioral and Brain Sciences, 4:515-526.

[96] Sheldrake, R.   2005b. The Sense of Being Stared At. Part 2: Its Implications for the Theories of vision. Journal of Consciousness Study, 12,6:32-49.

[97] Sheldrake (2005a), op. cit., a recensé et résumé, outre les siennes, toutes les investigations effectuées sur ce sujet. Voir aussi: Colwell, J., S. Schröder & D. Sladen. 2000.   The ability to detect unseen staring: A literature review and empirical tests. British Journal of Psychology, 91:71-85.

[98] Tous les publications de Sheldrake sont disponibles pour téléchargement sur son site web: https://www.sheldrake.org/.

[99] Voir la section Open Peer Commentary on ‘The Sense of Being Stared At’ Parts 1 & 2, du numéro spécial Sheldrake and his critics: The Sense of Being Glared [sic] At, Journal of Consciousness Studies, 2005, 12,6-7:50-116; et en particulier Atkinson, A. P. Staring at the Back of Someone’s Head Is No Signal, And a Sense Of Being Stared At Is No Sense, 50-56.

[100] Voir les références dans les notes précédentes.

[101] Sheldrake, R. 1988.   The Presence of the Past: Morphic Resonance and the Habits of Nature. London: Collins.

[102] Sheldrake, R. 2003.   The Sense of Being Stared At, And Other Aspects of the Extended Mind. London: Hutchinson).

[103] Op. cit.

[104] Jahn, R. G. & B. J. Dunne. 1986.   On the Quantum Mechanics of Consciousness, with Application to Anomalous Phenomena. Foudantions of Physics, 16,8:721-772.

[105] Clarke, C.   2004. Quantum Mechanics, Consciousness and the Self. In: Lorimer, D. (ed.), 65-108. Consciousness and Ultimate Reality. Exeter: Imprint Academic.

[106] Radin, D. 2004.   Entangled Minds. Shift, 5:10-14.

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[108] Whalen, K. & G. Fleisch. 2012.   Quantum Consciousness: An Explanotary Model for Life Forward Movement in Wholebody Focusing. The Folio, 84-111.

[109] Radin, D. 2006. Entangled Minds: Extrasensory Experiences in a Quantum Reality. Paraview Pocket Books.

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[111] http://ajtr.org/1210003A.html

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