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Les réalités de la réconciliation : Les tensions auxquelles sont confrontées les organisations caritatives

La réconciliation est un terme qui a une profonde signification historique et qui suscite des aspirations futures cruciales, en particulier dans le contexte des relations entre les Canadiens autochtones et non autochtones. Depuis le rapport final de 2015 de la Commission de vérité et de réconciliation, des secteurs de tout le Canada, y compris la philanthropie, ont examiné leur rôle dans l’avancement de la réconciliation. La Déclaration d’action de la communauté philanthropique a souligné qu’il s’agissait d’un « moment opportun » pour la communauté caritative du Canada de jouer un rôle de chef de file en matière de réconciliation. Cependant, les efforts de réconciliation demeurent complexes au sein du secteur caritatif, comme le révèle notre récent sondage qui explore les rôles et les défis auxquels les organismes caritatifs sont confrontés dans ce processus. 

Rôles perçus des organisations caritatives dans le soutien à la réconciliation

Les réponses de nos panélistes indiquent que la collaboration avec les communautés indigènes est fortement encouragée en tant que rôle du secteur dans le soutien à la réconciliation, 72% des participants soutenant cette initiative. Bien que des pourcentages significatifs soutiennent également des initiatives de discussions ouvertes (61%) et de formation (57%), un groupe comparativement plus petit (42%) donne la priorité à l’allocation directe de ressources aux initiatives indigènes.

Les réponses aux questions ouvertes présentent un large éventail de perspectives sur le rôle des organisations caritatives dans la réconciliation. Un certain nombre de commentaires mettent en évidence une question importante : la frontière conceptuelle entre la charité et la justice. Certains pensent que la réconciliation implique un changement systémique et la justice, tandis que d’autres préconisent un rôle qui consiste à rester apolitique, en se concentrant uniquement sur l’aide humanitaire :

“Engage in active decolonization and anti-racism work at levels of policy, programs, processes, etc.”

“Charities cannot be involved in politics – charities are there to help others.”

Certains participants ajoutent que le rôle du secteur caritatif dans la réconciliation devrait être déterminé par la mission et la localisation des organisations individuelles, tandis que d’autres soulignent que l’approche appropriée devrait consister à traiter tous les groupes de la même manière : 

“I think that would vary largely depending on the mission and purpose of the organization and its location relative to Indigenous populations.”

“In discussion with Indigenous clients, I hear that they don’t want to be singled out, simply treated with respect and dignity.”

Ces différentes perspectives soulignent que les interprétations du rôle du secteur caritatif dans le soutien à la réconciliation sont idéologiquement chargées et très variables, ce qui est encore souligné par leurs différentes perspectives sur les obstacles à ce processus.

Les défis auxquels sont confrontées les associations caritatives pour soutenir la réconciliation

Les obstacles au soutien des efforts de réconciliation identifiés dans notre enquête peuvent être classés en quatre catégories principales : physiques, psychologiques, émotionnels et idéologiques.

Obstacles physiques : Les problèmes de ressources sont les plus fréquents, 42 % des répondants citant l’insuffisance des ressources financières, 17 % le manque de sensibilisation aux organisations dirigées par des Autochtones et 12 % une compréhension limitée de l’histoire et des cultures autochtones. D’autres réponses textuelles développent d’autres difficultés pratiques, telles que les distances géographiques pour les réunions en face à face et la difficulté de trouver du personnel et des bénévoles autochtones :

“There is no time to devote to doing this meaningfully when you are always scrambling with your regular workload.”

“Our organization has not directly been involved in supporting reconciliation with Indigenous Peoples. However it is mainly due to our limited staffing and funds.”

“Challenges finding Indigenous artists and culture bearers who are available for work or who have the skills necessary.”

Obstacles psychologiques : Les questions de confiance et de préjugés sont également importantes, 29 % des participants déclarant avoir des difficultés à former des partenariats significatifs avec des organisations dirigées par des autochtones et 21 % à établir des relations de confiance avec les communautés autochtones. Comme l’ont souligné certains participants : 

“Indigenous clients won’t self-identify as Indigenous due to fear of being treated differently. They just want to be treated as all people. They appreciate curiosity and are happy to educate and inform those who want to learn.”

“First Nation Councils REJECT any linkage to our charitable organization.”

“Racism in the community that supports us. We have both internal and external pressures to not engage. And to be frank, many of these people think any BIPOC or even non white Christian strait long time in Canada communities should be engaged with.”

Obstacles émotionnels : Les sentiments de culpabilité ou la crainte d’aggraver la situation sont également mis en évidence, 4 % des personnes interrogées citant la résistance interne aux changements organisationnels nécessaires à la réconciliation. Comme l’explique un membre du panel, ils veulent bien faire la réconciliation, mais ils craignent qu’en la faisant mal, ils ne paraissent inactifs :

“Fear of taking up space, fear of standing in front of rather than supporting from the back. We want to do this right, but our fear of doing it wrong can cause us to appear inactive.”

Les barrières idéologiques : Il s’agit peut-être du facteur le plus important qui influe sur tous les autres obstacles. Il s’agit de conceptions différentes de la signification de la réconciliation, de ce qu’elle implique ou de ce que pourrait être la bonne approche. Dans notre enquête, 31% des personnes interrogées déclarent avoir du mal à donner la priorité à la réconciliation parmi d’autres objectifs et exigences de l’organisation. D’autres commentaires révèlent également que les conflits internes et les opinions divergentes sur la voie à suivre sont des tensions idéologiques importantes au sein des organismes de bienfaisance engagés dans la réconciliation. Par exemple, l’inclusion d’un membre autochtone du conseil d’administration dont les opinions divergent du courant dominant peut laisser les autres « en conflit et confus ». Dans un autre cas, il y a une résistance notable parmi les membres lorsqu’il s’agit de se mettre d’accord sur les stratégies de réconciliation, ce qui complique la prise de décision et la mise en œuvre : 

“We have an indigenous board member but his ideals do not necessary align with the “popular” ones and this leaves us conflicted and confused”

“Resistance by section of membership (but not all) or differing opinions of what the ‘right’ way forward is.”

Perspectives d’avenir

Tels qu’ils ont été analysés jusqu’à présent, les résultats de notre enquête soulèvent plus de questions que de solutions quant au rôle que le secteur devrait jouer dans le soutien à la réconciliation, en particulier en ce qui concerne la tension idéologique entre la charité et la justice. Comme l’a fait remarquer le sénateur Murray Sinclair, ancien président de la Commission Vérité et Réconciliation, la réconciliation ne peut se faire « si une partie la considère comme un acte de bienveillance et l’autre comme une reconnaissance de droits ». Le point de départ consiste peut-être à reconnaître que la justice et la charité s’appuient toutes deux sur un élément crucial : la dignité humaine. Dans nos efforts pour construire une société où chacun a sa place, nous devons accepter le fait que la réconciliation est un processus continu, et non un projet achevé.

Auteur

Nguyen, Thi Kim Quy

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