Au-delà de la survie : l’impact du financement non affecté sur la viabilité des organisations caritatives
Alors que la demande de services caritatifs augmente, de nombreuses organisations caritatives sont confrontées à une lutte incessante pour assurer le financement de leurs activités essentielles. L’une des principales difficultés réside dans la structure même de leur financement – souvent basé sur des projets, restreint ou insuffisant pour couvrir les coûts de base. Cette situation oblige de nombreuses organisations caritatives à consacrer un temps précieux à la collecte de fonds, ce qui les empêche de se concentrer sur la prestation de services essentiels.
Dans le cadre du Projet Canada Perspectives des Organismes de Bienfaisance (PCPOB), nous avons mené une enquête pour mieux comprendre les défis auxquels sont confrontés les organismes de bienfaisance en matière de financement et pour examiner comment les intervenants et les décideurs peuvent mieux les soutenir. Selon nos résultats, plus de la moitié des organismes de bienfaisance canadiens déclarent être en mode de collecte de fonds « constante » pour répondre à leurs besoins opérationnels de base. Des organismes tels qu’Imagine Canada préconisent depuis longtemps l’augmentation du financement de base ou sans restriction pour aider les organismes de bienfaisance à devenir plus résilients. Ce blogue se penche sur les résultats de l’enquête sur le paysage du financement et la viabilité à long terme, soulignant le rôle crucial du financement non affecté pour permettre aux organismes de bienfaisance de se concentrer davantage sur leur mission plutôt que sur leur simple survie.
Le dilemme du financement
L’une des personnes interrogées a résumé le défi : « La plupart de nos financements proviennent de ministères provinciaux, qui limitent l’utilisation que nous en faisons. Ils plafonnent également les frais d’administration à 15 %, ce qui est insuffisant pour gérer efficacement une organisation. » Ce sentiment souligne un problème très répandu au Canada : les financements restreints ne soutiennent souvent que des projets ou des programmes spécifiques, laissant de côté des dépenses essentielles telles que les salaires, le loyer et l’administration.
Les organisations caritatives dépendent de différents types de financement, chacun avec des niveaux de flexibilité différents :
- Financement de projet restreint : alloué à des projets spécifiques, avec des conditions d’utilisation strictes.
- Financement de projet non restreint : Il permet une certaine flexibilité au sein des projets, mais peut ne pas couvrir tous les coûts.
- Financement de projets à coût complet : Il couvre toutes les dépenses liées au projet.
- Financement de programme restreint : Restreint à des programmes spécifiques avec une flexibilité limitée.
- Financement de programme sans restriction : Offre une plus grande marge de manœuvre pour l’utilisation au sein des programmes.
- Financement organisationnel sans restriction : Il offre la plus grande liberté, permettant aux fonds de soutenir n’importe quelle partie des opérations de l’organisation.
Notre enquête révèle que la plupart des organismes de bienfaisance s’appuient sur le financement restreint de projets ou de programmes, ou sur le financement non restreint de l’organisation, pour soutenir leurs activités.
Type de financement | % des recettes totales | % d’organisations caritatives recevant des fonds |
---|---|---|
Financement de projet restreint | 19 % | 66.5 % |
Financement de projet sans restriction | 7 % | 34.5 % |
Financement de projet à coût complet | 4.5 % | 19.5 % |
Financement de programme restreint | 20.5 % | 57.5 % |
Financement de programme sans restriction | 9.5 % | 37 % |
Financement organisationnel sans restriction | 29 % | 67 % |
Si le financement organisationnel non affecté offre la plus grande flexibilité et peut soutenir les opérations de base, une grande partie de ce financement provient de dons individuels, de cotisations et de revenus autogénérés, ce qui nécessite des efforts constants pour le maintenir.
Financement non affecté et viabilité à long terme
Nos données montrent que les organismes de bienfaisance qui dépendent du financement par projet, qu’il soit restreint ou non, expriment de plus grandes inquiétudes quant à leur viabilité à long terme. Les organismes de bienfaisance dont le niveau de financement de projets restreint est plus élevé sont nettement plus inquiets pour l’avenir que ceux qui ont accès à un financement non restreint.
Préoccupé par la viabilité à long terme ? | % moyen du financement restreint du projet | % moyen du financement non affecté du projet | % moyen du financement intégral du projet |
---|---|---|---|
Oui, très préoccupé | 23.5 % | 9.5 % | 4.5 % |
Oui, moyennement préoccupé | 21 % | 7.5 % | 4 % |
Oui, peu préoccupé | 15.5 % | 6 % | 4 % |
Non, non concerné | 16 % | 5.5 % | 3 % |
À l’inverse, les organismes de bienfaisance qui bénéficient d’un financement de programme ou d’organisation sans restriction sont généralement moins préoccupés par la viabilité, grâce à la souplesse que ce type de financement leur procure.
Préoccupé par la viabilité à long terme ? | % moyen du financement non affecté des programmes | % moyen du financement non affecté de l’organisation |
---|---|---|
Oui, très préoccupé | 7 % | 24.5 % |
Oui, moyennement préoccupé | 11 % | 28 % |
Oui, peu préoccupé | 9.5 % | 32.5 % |
Non, non concerné | 12.5 % | 35 % |
Les associations caritatives s’expriment
Les participant.e.s à l’enquête ont souligné la nécessité de s’éloigner du financement par projet et du financement restreint :
Nous sommes une petite association. Nous avons besoin de fonds pour les salaires. Nous travaillons en partenariat avec de nombreuses autres organisations de la communauté afin de recevoir des dons en nature pour l’équipement, l’espace de programme, etc. Mais quelqu’un doit gérer les programmes et favoriser ces relations. Nous avons besoin d’un financement sans restriction pour les salaires afin d’accomplir ces tâches ».
Nous avons constaté ces dernières années que le financement des programmes par tous les niveaux de gouvernement est devenu beaucoup plus restrictif. Il y a beaucoup d’obstacles à franchir pour obtenir l’autorisation de procéder à des ajustements afin de répondre aux besoins émergents et croissants de la communauté. Cette « paperasserie » crée des obstacles supplémentaires lorsqu’il s’agit d’accéder aux services et rend très difficile pour notre organisation de répondre rapidement et efficacement aux besoins urgents et croissants de la communauté. »
Les restrictions en matière de financement sont difficiles, et nombre d’entre elles obligent notre organisation caritative à entreprendre de nouveaux projets ou programmes plutôt que de l’aider à maintenir ce qu’elle offre actuellement. Nous perdons du temps à examiner les critères, puis nous abandonnons et ne poursuivons pas. Comment pouvons-nous étendre nos services alors que nos programmes actuels répondent aux besoins et sont sous-évalués ?
Rompre le cycle
Bien que le financement non affecté ait augmenté depuis la pandémie, de nombreuses organisations caritatives restent dépendantes du financement affecté de projets ou de programmes, qui couvre rarement les opérations de base ou garantit un soutien constant.
Notre recherche suggère qu’il est essentiel d’augmenter le financement non affecté pour briser le cycle d’insécurité financière qui menace la longévité des organismes de bienfaisance canadiens. Le financement par projet et par programme peut répondre aux besoins immédiats, mais il est souvent insuffisant pour couvrir les coûts opérationnels de base, ce qui oblige les organismes de bienfaisance à consacrer du temps et des ressources à une collecte de fonds incessante.
Le message de nos résultats est clair : le financement sans restriction permet aux organismes de bienfaisance de se concentrer sur un impact communautaire durable plutôt que sur la simple survie. En préconisant des modèles de financement plus souples et plus fiables, nous pouvons aider les organisations caritatives à développer la résilience dont elles ont besoin pour soutenir les communautés vulnérables à long terme. Les organisations caritatives qui répondent aux besoins les plus pressants de la société méritent un financement stable et sans restriction afin de pouvoir poursuivre leur travail vital sans compromis. Défendre des structures de financement qui leur permettent de prospérer, et pas seulement de survivre constitue un engagement ferme de notre part.
Auteur
McWhinney, Tara
- Postdoctoral Fellow
- taramcwhinney@cunet.carleton.ca
Vous souhaitez recevoir nos articles de blog directement dans votre boîte aux lettres électronique ? Inscrivez-vous à notre lettre d’information en cliquant sur le lien suivant, et suivez-nous sur les réseaux sociaux pour des mises à jour régulières sur les projets :
- Website: https://carleton.ca/cicp-pcpob/
- Newsletter sign up: https://confirmsubscription.com/h/t/3D0A2E268835E2F4
- LinkedIn: https://www.linkedin.com/company/cicp-pcpob/
La demande croissante de maîtrise des données et d’IA dans les organisations caritatives
Après la transformation numérique massive ayant eu cours pendant la pandémie, le paysage des organisations caritatives a évolué de façon…
Au-delà de la survie : l’impact du financement non affecté sur la viabilité des organisations caritatives
Alors que la demande de services caritatifs augmente, de nombreuses organisations caritatives sont confrontées à une lutte incessante pour assurer…
Les organisations caritatives font des pieds et des mains pour maintenir leur croissance
Le secteur caritatif canadien est confronté à des défis croissants alors que l’économie, les taux d’intérêt et l’inflation restent sous…