Les énergies renouvelables électrisent le Grand Nord
MARINE ERNOULT
FRANCOPRESSE
Ces projets témoignent de l’essor récent des énergies renouvelables dans les TNO, mais aussi au Yukon et au Nunavut.
Alexandra Mallett, professeure agrégée à l’École de politiques publiques et d’administration de l’Université Carleton d’Ottawa, explique que «l’élection des libéraux en 2015 a été un catalyseur. Ils ont mis l’accent sur la transition énergétique dans le Grand Nord, car ils priorisent la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les communautés éloignées et autochtones».
Rien que dans le plan climatique renforcé du Canada publié en décembre 2020, 300 millions $ sont consacrés aux sources d’énergies propres dans les communautés rurales et éloignées.
«Le fédéral a compris qu’il s’agissait d’une clé pour la réconciliation avec les Premières Nations, une manière pour elles de se réapproprier leur destinée», selon Alexandra Mallett.
Greg Poelzer abonde dans le même sens : «En termes de réconciliation économique et de partage des ressources, les énergies vertes représentent la plus importante perspective des prochaines décennies. C’est une source de revenus fiable et continue».
D’après les deux chercheurs, les communautés autochtones sont devenues des leadeurs. «Aux premières loges du changement climatique, elles ont pris conscience de l’urgence de décarboner le secteur énergétique. Ça rejoint leurs valeurs traditionnelles, et ça permet d’utiliser des ressources locales», observe Alexandra Mallett.
L’universitaire cite en exemple la biomasse qui contribue à prévenir les feux de forêt et participe à l’usage traditionnel de la terre.
Le Yukon trace la voie
Greg Poelzer estime, lui, que la sécurité de l’approvisionnement énergétique est la principale motivation des Premières Nations. «Le changement climatique n’est jamais un enjeu soulevé dans les discussions. Il y a une déconnexion entre les priorités d’Ottawa et celles du Nord, où l’électricité est une question de vie ou de mort», affirme-t-il.
Il explique que, si l’électricité et le chauffage produits à partir de renouvelables sont «moins chers, plus fiables et plus accessibles que le diésel et le mazout», la transition est soutenue par la population, «fatiguée des prix exorbitants d’hydrocarbures importés de l’autre bout du pays».
Les énergies renouvelables sont certes en plein essor, mais restent marginales aux dires des spécialistes interrogés. «Les projets mettent du temps à voir le jour, car les consultations sont longues et les défis logistiques pour amener le matériel, énormes», révèle Alexandra Mallett, qui constate par ailleurs de grandes disparités entre les territoires.
Le Yukon fait figure d’exemple. En 2019, les barrages fournissaient déjà 80 % de l’électricité. Avec l’ambition d’être carboneutre en 2050, les autorités ont modifié en profondeur la règlementation et débloqué des fonds pour faciliter l’émergence de projets autres que l’hydroélectricité. Une centaine d’initiatives autochtones sont en cours.
Thursday, September 8, 2022 | Categories: Alexandra Mallett, Articles, MA-SE, Research
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