Répartition mondiale des vaccins : la grande injustice
TEXTE : BINH AN VU VAN
Si les pays sont si pressés de conclure des ententes, c’est qu’il y a une lutte pour obtenir les meilleures places dans la file d’attente pour recevoir les vaccins les premiers. Cette compétition internationale se joue à travers des négociations directes entre les pays et les compagnies pharmaceutiques, qui se concluent par des ententes, dont les prix et les clauses sont souvent tenues confidentielles.
On s’est bien rendu compte que c’était au plus fort la poche, résume la Dre Joanne Liu.C’est le pays qui offre le plus cher et les meilleures clauses, c’est lui qui se retrouve en haut de la liste pour obtenir les livraisons le plus rapidement possible, dans cette dynamique de nationalisme vaccinal, explique Marc-André Gagnon, spécialiste en politiques pharmaceutiques à l’Université Carleton.Donc, on se retrouve avec un système global de prix où, finalement, l’ensemble des transactions se font sous la table. On est dans une opacité qui mine la confiance du public. On ne parle pas de hot-dogs, on parle des médicaments, on parle de soins de santé essentiels en temps de crise sanitaire et de pandémie!Tim Evans ajoute :
COVAX n’avait selon moi pas une bonne compréhension du marché. Ils avaient l’impression qu’avec une forte participation des gouvernements, ils pourraient négocier avec quelques milliards de dollars, un poids financier considérable. Oui, en temps normal, c’est beaucoup. Mais en fait, c’était insuffisant en comparaison avec ce que les pays riches ont négocié.Joanne Liu reprend :COVAX s’est retrouvé à négocier avec les compagnies pharmaceutiques, mais avec un pouvoir d’achat moindre que certains autres pays. COVAX s’est alors retrouvé en fin de file d’approvisionnement.On se retrouve finalement avec des grandes compagnies qui décident qui va recevoir ces livraisons et quand, et qui peut négocier de manière confidentielle avec chaque pays, aller avec le plus offrant pour décider qui va avoir accès aux livraisons, observe Marc-André Gagnon.